Embarquement immédiat !

Laura
Laura

le 01/08/2018 à 10:42

- Bonjour Nathalia ! Tu es en train de répondre à mes messages, sans doute ! ? dit-il mi-plaisantant, mi aigre-doux...
- Tiens, Rinat ! Assieds-toi, je reviens d'Europe ce matin-même, je descends de l'avion et crois -moi je n'ai pas eu une minute à moi .
- Tu sais que j'ai bien cru voir deux Nathalia sur cette place. Je t'assure qu'il y a une femme qui te ressemble comme c'est pas possible !

Nathalia ne l'écoute que d'une oreille, sans s'émouvoir, ni s'intéresser, manipulant toujours son smartphone.
- Tu étais où, cette fois ?
- Aux Pays-Bas.
- Et tu leur vends du coton aux Néerlandais ?
- Ben, j'essaie.

Il faut dire que dans la Vallée de Ferghana, la culture du coton est un des piliers de l'économie locale. Mais ces cultures nécessitent énormément d'eau. Des barrages, dont celui du lac artificiel de Kaïrakkoum et des systèmes d'irrigation captent l'eau de la Syr-Daira, jaune-fleuve littéralement. De ce fleuve qui passe à Khodjent et va vers la Mer d'Aral en traversant l'Ouzbékistan, on puise tant d'eau que la petite mer intérieure est de moins en moins alimentée : la Mer d'Aral sera bientôt complètement asséchée. Mais Nathalia est bien loin de toutes ces considérations et de ce réel drame écologique, d'autant plus que cet emploi dans le coton, dont elle a parlé à Rinat, est bidon....

- Tu sais que je viens de terminer un bel article, je te le ferai lire : Le Khodjenkistan a-t-il trouvé la clef du bonheur ? et tu ...
Nathalia part d'un rire, qui fait se retourner les clients des tables à côté et pose son smartphone pour ébouriffer sa crinière brune.
- La clé du bonheur ! N'importe quoi ! Tu trouves que c'est le paradis, ici ?
- Tu liras. Il y a un idéal et un plan qui peuvent donner leurs fruits et apporter le bonheur à ce pays.

Elle se lève, laisse un billet de 5 TJS sur la table et prend la direction de Saïd Mirsakar Kuchai, une des rues commerçantes de la ville.
- Tu m'excuses mais je vais rentrer, je n'ai pas bien dormi dans l'avion, nous philosopherons une autre fois si tu veux bien ?
Khayr naboshad Rinat !
- Au revoir Nathalia, dit-il en la regardant s'éloigner.
Laura
Laura

le 03/08/2018 à 10:03

Après les quelques photos qu'elle a prises de Chkalovsk, Laura achète des cartes postales d'un format inhabituel qui lui plait bien. L'une d'elle représente les taxis collectifs très utilisés ici et qu'elle a bien envie d'envoyer à Monsieur Henri, comme promis. Le marchand lui a ensuite recommandé la Saïd Mirsakar Kuchai, si pittoresque et animée, qu'elle trouve sans peine et tandis qu'elle marche tranquillement en essayant de mémoriser ce nouveau mot : kuchai qui veut dire rue, elle voit venir à elle, les bras ouverts, une femme qui pourrait être son reflet dans un miroir, tant elle lui ressemble ....

Ah, wouais... dis-donc, la vache.... Rinat n'avait pas tort, pense Nathalia, c'est troublant, en effet ! Les yeux noisette, la peau mate comme moi, la même bouche, même taille, même allure, même chevelure. Si, adroitement, elle n'a pas semblé prêter attention à ce que lui disait Rinat tout à l'heure, cette coïncidence, en fait, tombe à pic et l'intéresse au plus haut point, il faudra qu'elle en parle à Loukhir.
Pour le moment, elle doit en apprendre un maximum sur la demoiselle, sans qu'elle s'en rende compte.
Nathalia, souriante, approche les bras ouverts et salue la jeune femme en tadjik. Mais elle comprend vite, que malgré la tunique traditionnelle qu'elle porte, elle n'appartient pas au peuple kodjik et s'adresse, alors, à elle en anglais.
- Je suis française et je m'appelle Laura, lui répond elle.
- C'est très étonnant, n'est-ce pas ? Nous avons, sans doute, chacun " un double" à l'autre bout du monde, sans le savoir ! Vous êtes en vacances à Chkalovsk ?
- Je visite la ville mais je suis installée dans le village d'à côté.
- A Isfara ?
- Non, le village à flanc de montagne, je ne sais plus bien...
- Et vous avez visité Khodjent ? J'y vais régulièrement, si vous voulez profiter de ma voiture...
- C'est gentil à vous.
- Je m'appelle Nathalia. Si vous continuez tout droit et elle montre la rue face à elle, où les passants, bien évidemment amusés, se retournent et parfois même font des commentaires entre eux, vous verrez une épicerie sur la droite. L'épicier entasse de gros sacs de riz devant sa boutique, tout jaune. J'habite juste au-dessus. Si vous lui demandez Nathalia, il croira tout d'abord, sûrement à une blague ! ajoute-t-elle en riant, et voyant que ce n'est pas moi, il vous indiquera où me trouver. N'hésitez pas pour la voiture ou pour tout autre service !
Et après s'être saluées et remerciées, chacune repart de son côté.

Nathalia n'est pas mécontente. Elle s'appelle donc Laura, cette petite française... Apparemment, elle voyage seule. Elle a dit : "je suis installée dans le village à flanc de montagne", je vois très bien et quand j'ai proposé la voiture, cette Laura n'a pas mentionné qu'elle avait quelqu'un à emmener avec elle. J'aurais dû lui demander pour combien de temps elle est au Khodjenkistan ?
Nathalia est trop impatiente, même si elle ressent vraiment la fatigue de son voyage, au lieu d'aller dormir, elle se met en route pour tenter de trouver Loukhir....
Laura
Laura

le 11/08/2018 à 19:30

Voici bientôt huit jours que Laura parcourt cette terre attachante qu'est le Khodjenkistan.
Elle a pris le train bondé de passagers qui chantent, qui jouent avec des cartes et de petits morceaux de bois, elle a ainsi longé le cours de la Syr-Daria et admiré les jolis ponts qui l'enjambent tout au long de la Vallée de Ferghana. Elle s'est baignée dans les eaux cristallines du lac de Kaïrakkoum, elle a bu du thé vert en écoutant les chants lancinants de cette culture de l'autre bout du monde qui nous semble si étrange et dépaysante, elle a vu les couleurs de l'Asie Centrale, la gentillesse de ceux qui y vivent, elle a appris encore quelques mots tadjiks, cette langue qui la fascine, elle a parcouru des chemins de montagne avec Bart et Louise, deux Québécois de passage à l'Hôtel Ravebga et quand ils dominaient tous trois, les vastes horizons du Khodjenkistan, ils lui montraient les Monts Kourama et Tchatkal au loin et leurs glaciers, brillants sous le soleil, là-bas, à plus de 4000 mètres d'altitude. Ils s'asseyaient sur les rochers et partageaient leur repas en silence, respirant l'air vif des hauteurs.
Laura a pris tant de photos ! Mais ces paysages fabuleux sont gravés dans sa mémoire et le soir, de retour à l'hôtel, elle raconte à Mir et Azad, toutes les découvertes de sa journée et elle parle aussi de Paris et de la France, ces récits d'Europe dont les deux gars raffolent.
Demain, elle a réservé sa place dans la marchroutka pour retourner à Khodjent et visiter le célèbre Bazar Panchshanbé, qu'à plusieurs reprises ils lui ont recommandé.
Laura
Laura

le 13/08/2018 à 12:12

Le Bazar Panchshanbé, à l'architecture imposante, trône au milieu d'un vaste espace qui pourrait représenter la surface de trois ou quatre des places de nos villes. Tours surmontées de jolis toits en forme de bulbe et grandes portes pointues en ogives composent cet immense bâtiment blanc et dans la halle principale, toute en longueur, porté par des dizaines de piliers blancs, le plafond, très haut, semi-cylindrique est aménagé en son milieu d'une verrière qui laisse entrer la lumière du jour, éclairant tous les étalages alignés à perte de vue. Laura, médusée, reste un instant bouche bée.
Le Bazar Panchshanbé, c'est d'abord un marché. On y vend des olives, des pois chiches, des farines, des semoules, des sacs de riz, des fruits séchés, dattes, figues, abricots, du thé noir et vert, du café en grains, toutes sortes de pain, des galettes, mais il y a aussi des étalages de viandes bien peu réfrigérés et quelques marchands de poisson. Mais sur l'immense parvis, à l'extérieur, tout autour du bazar, il y a aussi des vendeurs de tissus, cotons, soieries, tissus brodés d'or, étoles aux motifs colorés, écharpe en Ikat, ce tissage soyeux si typique de la région et puis des marchands de tapis , bien sûr, tapis persans aux motifs enchevêtrés, tapis frangés des mille et une nuits, tapis volant d'Aladin peut-être, c'est toutes ces magnifiques oeuvres artisanales si variées, exposées à même le sol, qu'admire Laura en ce moment.

Mais qui va-t-elle apercevoir ou rencontrer ?
Sauf erreur, sur ce site on invente des histoires à plusieurs ?
Si Sandrie ou un autre auteur veut continuer avec moi le récit, j'en serais ravie.
Mais à défaut d'écrire une suite, il faudra la choisir :

Choix 1 : Laura va apercevoir Nathalia.
Choix 2 : Laura va apercevoir Loukhir Petrochnikov
Choix 3 : elle va apercevoir Nathalia et Loukhir qui parlent ensemble.
Choix 4 : elle va rencontrer la jeune fille qui avait peur en avion (paragraphe du 17/07)

Choix 5 : elle va rencontrer un nouveau personnage.
A vous d'écrire ou de choisir une suite....!
Laura
Laura

le 16/08/2018 à 19:21

Il est 3 heures du matin, ce soir, au café Ravshan et Rinat Dasavkovitch a dû boire dix, quinze... vin coups ! Il est complètement saoul, sous la table, en terrasse, terrassé par l'alcool.
Il se relève péniblement. L'enseigne trop lumineuse " CA-CA-FE-FE" l'éblouit. Il voit double, tout est double pour lui, après tant de doubles-scotchs, pour lui qui sent l'alcool et qui se sent si seul !
Pas de Nathalia. Il se voyait déjà dans un lit-double avec elle, mais par malchance Nathalia rime avec Vodka, avec Téquila, avec Ratafia... Le bonheur est dans la liqueur, camarade !
Il lève son vingt et unième dernier verre, facilement, puis se lève lui-même beaucoup plus difficilement...il titube...

De l'autre côté de la place, l'entrée de son hôtel...quelques mètres à franchir, mais avec quelques verres de trop dans le carafon, c'est une vraie expédition !... Quitte ou double ! ... Il s'élance !
Il accroche son regard vitreux à la double porte vitrée de l'hôtel, cap sur Shokkand !
Mais quel est l' imbécile qui s'est garé en double-file ? Il cherche du regard, il ne trouve pas...Il perçoit deux arbres. Deux arbres ? Lequel est le bon ? Baum ! oh non, ....c'était l'autre ! Il s'agrippe au tronc. Mais le tronc flou fluctue, le boa de bois bouge et boit et toute la place sinue et tangue de serpent, avec lui.
Rinat, très mal, échappe à l'animal et dans un élan exagéré, se décolle, encore en prise aux doubles-scotchs qui collent et son double-menton vient s'écraser sur la porte de verre !
Oh non, pas encore un verre ! Tant de vin, en vain et soudain il glisse sur ses patins, il a dû mettre trop de glace dans son dernier whisky, il patine et fait un double salto arrière et devant les portes vitrées, se ratatine, s'échoue, baleine à l'haleine éthylique qui sombre dans l'alcool atlantique !!

Rinat a un haut le coeur, hips !! et sent sur ses joues l'alcool qui pleure. La tempe sur l'asphalte il n'en peut plus, Rinat touche le double-fond et s'endort en délirant encore.

Tandis que Rinat se prend une bonne cuite, vous bénéficiez d'un petit délai pour choisir une suite...
Voir paragraphe précédent, à vous de taper 1, 2, 3, 4 ou 5 ...
Laura
Laura

le 08/12/2018 à 17:56

]Si vous découvrez les histoires de Laura, sachez que le Khodjenkistan n'existe pas ! Si vous voulez écrire avec nous, c'est facile on peut donc tout imaginer ! C'est en fait une province du Tadjiskistan, en Asie centrale, dont Sandrie a décrété l'indépendance, cet été 2018....
Laura
Laura

le 12/08/2019 à 10:40

Au 16 août 2018, l'histoire "Embarquement immédiat" est restée en plan ! Je la reprends ce 12 août 2019 et si vous voulez écrire la suite avec moi, pas de souci, vous serez bien accueilli(e).

Je fais un bref résumé de ce que nous avions écrit l'été dernier, pour mieux continuer ...

Laura a quitté son appartement début juillet pour prendre l'avion pour le Khodjenkistan avec sa valise zébrée blanche et noire. Après quelques péripéties à l'aéroport d'Orly, où la Police l'a prise pour une autre jeune femme, erreur sans conséquence, elle est arrivée à Khodjent où Mir et Azad, les deux employés de l'hôtek Ravebga l'attendaient.
Sur la route de l'hôtel un curieux personnage Loukhir Pétrochnikov, réputé pour trafiquer dans des réseaux de drogue, s'est fait remarqué mais depuis Laura passe un agréable séjour, visite cette belle région montagneuse et le lac de Kaïrakkoum aux eaux cristallines. Elle se déplace en train et le plus souvent en marchroutka, qui veut dire minibus en tadjik.

Nathalia, amie de Loukhir, a repéré la jeune touriste, qui lui ressemble étonnement... elles ont échangé quelques mots aimables dans la rue commerçante de Chkalovsk. C'est Rinat Dasavkovitch, son ami journaliste, qui avait parlé à Nathalia de cette curieuse ressemblance.

Pour le moment, Laura poursuit ses vacances tranquillement et nous l'avions laissé sur le grand marché de Panchshanbé entre les étalages de produits locaux très appétissants à l'intérieur et les tissus et tapis pleins de charme, à l'extérieur....
Laura
Laura

le 12/08/2019 à 11:04

Laura continue de flâner entre les étalages. Elle a songé un moment à acheter un de ces magnifiques tapis, mais elle a renoncé à cause du transport. Retourner à Aubervilliers avec un bagage si encombrant en plus, ce n'est vraiment pas possible.
Tandis qu'elle s'approche de l'entrée du marché couvert, elle remarque un attroupement et au milieu du cercle qui s'est formé, deux hommes se disputent, crient et gesticulent. Laura ne comprend pas le tadjik, mais c'est une grande valise noire qui semble être à l'origine de tout ce bruit. L'un des hommes la tire vers lui, mais l'autre la revendique. Un vieil homme intervient dans la dispute et plus posément, essaie de raisonner les deux hommes en colère, mais en vain.
Bientôt un coup de poing percute violemment une mâchoire, une clameur monte des observateurs qui reculent tous d'un pas. Laura, pourtant restée un peu plus loin, recule elle aussi, instinctivement...
Laura
Laura

le 13/08/2019 à 11:37

En reculant, elle déclenche une avalanche de pêches ! Elle vient de percuter une brave commerçante chargée de quatre cageots et heureusement il n'y a que les pêches du cageot du dessus qui ont basculé. Certaines sont écrasées au sol... Laura est désolée et tente de s'excuser mais la dame ne parle pas anglais, dirait-on.
- Ce ne sont que des pêches ! remarque un marchand de tissu, la voyant dans l'embarras. Heureusement que vous n'êtes pas tombée dans les pommes !

Laura esquisse un sourire, la dame ne semble pas contrariée et lance un flot de paroles que Laura ne comprend pas, bien sûr, tout en s'éloignant.

- Elle vous demande de ramasser celles qui ne sont pas abîmées et de la rejoindre devant son étalage un peu plus loin.
Bien sûr Laura récupère toutes les fruits encore en bon état et celui qui a gentiment fait office de traducteur, lui donne un journal plié en forme de grand cornet, idée astucieuse qui lui rend bien service pour amener toutes les pêches, quelques mètres plus loin. Elle reconnait la dame, qui n'est visiblement pas marchande de fruits et c'est une jeune fille qui tend les mains pour prendre la dizaine de pêches.
- Je suis vraiment désolée, dit Laura.
- Ce n'est pas grave. Ma mère a fait une bonne affaire avec tout ce lot et quelques pêches de plus ou de moins... vous en voulez une ?
- Oh, comme c'est gentil à vous, merci. Si je peux rendre service à mon tour...
- Vous êtes Anglaise ?
- Non, Française.
- Et bien passez vers 17 h, à la terrasse du Karimbek, le petit restaurant dans la petite rue d'à coté, vous verrez, vous pourrez sûrement nous aider...

Et la jeune fille disparut derrière les voilages, les rideaux et les nappes de son étalage.
Laura
Laura

le 14/08/2019 à 10:01

Laura avait prévu de repartir à Chkalovsk, par le train du soir où la marchroutka de l'hôtel passerait la chercher. Après tout, elle pourrait laisser un message à Izir et Azad... Pour le moment, elle repart vers le boulevard. Les disputes et les incidents ont cessé sur la place du Grand Bazar de Panchshanbé et elle décide d'aller voir le petit restaurant dont on vient de lui parler...
Laura
Laura

le 16/08/2019 à 20:07

Shashlicks et Plov, ces deux mets traditionnels sont sur la carte du Karimbek ! Ce sont des brochettes, le plus souvent d'agneau et le plov est un plat de riz frit avec carottes, oignons frits, pois chiches et raisins secs. ( Ici, je n'invente rien, ces plats qui font envie, existent bel et bien !) Laura s'étonne aussi de voir pizzas, spaghettis et même hamburgers au menu, mais elle ne s'étonne plus quand elle apprend que le soir à 17h, le Karimbek devient un lieu de discussions où se parlent toutes les langues.
Mais pour l'heure, midi, les serveurs sont très occupés...
- N'hésitez pas à revenir tout à l'heure. Nous avons une jeune étudiante qui sera ravie de parler français, elle prépare son master. Nous vous offrirons le thé à la menthe. A bientôt...
Laura n'a pas le temps de réaliser, qu'il a déjà tourné les talons, son plateau surchargé qu'il tient habilement d'une main et deux bouteilles dans l'autre. Ce restaurant original et plein d'animation la ravit et elle se demande si elle ne va pas rester déjeuner...
Laura
Laura

le 27/08/2019 à 12:30

-"Je vous recommande les plats traditionnels. Le cuisinier nous vient d'Ouzbékistan et il n'a pas son pareil pour préparer le plov..."

C'est un monsieur aux cheveux blancs contrastant agréablement avec son visage bien bronzé qui vient de lui parler par-dessus son épaule.

- Je me présente, ajoute-t-il en français cette fois : Adrien Levasseur, ancien architecte, installé en Asie Centrale depuis une vingtaine d'années. Accepteriez-vous de me parler de notre beau pays, La France, devant la table qui m'est réservée chaque jour au Karimbek ?
Laura un peu étonnée, ne réfléchit que deux secondes avant d'accepter l'invitation et se retrouve parmi les clients, sur la terrasse, en compagnie de cet homme souriant. C'est une petite table sous un grand parasol rayé brun et vert qui les accueille, nappe en tissu vert pâle, assiettes décorées de couleurs vives sur leur pourtour et déjà deux verres de jus d'orange leur sont apportés.

- J'ai mes habitudes ici, voyez- vous, chère Mademoiselle ! Je commence toujours mon déjeuner par ce jus de fruits. Je viens au Karimbek, chaque midi depuis voyons, au moins sept ou huit ans. C'est moi qui ai apporté l'idée d'en faire un lieu de partages de toutes les langues étrangères. Je vous laisse choisir. Amir, tu veux bien apporter la carte des vins, aujourd'hui j'ai une invitée.
Une fois, la commande faite, Laura se présente, raconte le début de son voyage, ses balades, ses rencontres et elle décrit le charme du Khodjenkistan qui la gagne peu à peu.
- On prend le temps de vivre ici, les paysages de montagnes qui nous entourent sont apaisants. La chaleur était un peu difficile à supporter parfois, mais je m'habitue bien.
- Vous savez que je suis venu ici pour mon travail. On m'avait confié la construction de tout un quartier à Samarcande. Le chantier a duré des années et je ne suis pas revenu en France. J'y ai peu de famille, d'ailleurs. Mon frère vient de temps en temps jusqu'ici. Comment trouvez-vous ce plov, Laura ?

- Délicieux, délicieux vraiment.
Laura
Laura

le 28/08/2019 à 13:02

En commandant les desserts, ils continuent leur conservation, un peu comme s'ils se connaissaient de longue date. Laura raconte les dernières nouvelles de France. Adrien la questionne beaucoup sur l'incendie de Notre-Dame et lui parle de l'émotion qui avait alors gagné le monde entier.
C'est au moment de prendre le café, que la circulation dans la petite rue qui borde la terrasse devient vraiment gênante. Des autos klaxonnent, des conducteurs s'apostrophent nerveusement en ouvrant leurs vitres, des scooters passent en trombe sur les trottoirs... Adrien Levasseur propose à Laura de quitter la terrasse trop bruyante.
- Il y a un parc à deux cents ou trois cents mètres d'ici, avec un petit kiosque qui fait salon de thé, en quelque sorte. Nous pourrions boire un café au calme, si vous voulez ? crie-t-il en essayant de couvrir le brouhaha ambiant.

Et c'est ainsi que se faufilant entre les voitures agglutinées, Adrien et Laura s'éloignent du Karimbek, pour reprendre la grande avenue à droite, c'est à dire dans le sens opposé au Grand Bazar de Panchshanbé. Le portable de Laura se met à sonner et tout en marchant, elle répond à Azad, qui est bien embêté pour venir la chercher au train du soir, il y a des complications à l'hôtel Ravebga qu' il commence à énumérer...

- Ne t'en fais pas Azad, réussit à placer Laura en coupant le flot de paroles, justement, je souhaitais rester un peu plus à Khodjent. Il y a tant de choses qui m'intéressent ici. Je ne rentrerai que par le train de demain et ainsi tu n'as pas de souci à te faire.

Il semble tranquillisé, en effet et remercie plusieurs fois puis, le temps qu'elle range son portable, ils arrivent devant une magnifique grille ouvragée d'arabesques orientales, donnant sur un oasis de verdure.

- C'est magnifique ici ! s'exclame notre jeune héroïne.
- Je vous l'avais dit. Nous serons très bien à cette heure de la journée. Venez , je vais vous montrer un des plus beaux arbres de la région si ce n'est du pays !
Et ils s'avancent dans la large allée sablonneuse, sous la fraîcheur des feuillages
Laura
Laura

le 06/09/2019 à 20:55

Des bancs à droite et à gauche, des enfants qui courent, leurs rires coulent en cascades aussi rafraîchissants que les grands feuillages qui les entourent. Des promeneurs, certains roulent leur vélo à côté d'eux, des croisements où toute la chaleur du soleil vous saisit, puis des allées plus petites à nouveau ombragées.
- "'Le Voilà ! " dit simplement Adrien." C'est un ginkgo biloba, l'Arbre aux quarante écus !", poursuit-il comme s'il faisait les présentations.

Il est magnifique. Son tronc est massif et ses feuilles sont claires, presque transparentes à la lumière et en forme de petits éventails légers. Il incarne le charme de l'Asie, alliant force et finesse. Le nez en l'air, Laura reste admirative. Il y a bien peu de bruit ici, la ville se fait oublier, un vent parfumé balance les petites feuilles du ginkgo qu'ils regardent tous deux, en silence. Le sentier pour venir jusqu'ici, s'arrête à lui. Alors Adrien et Laura font demi-tour et repartent toujours silencieux vers le petit kiosque, le salon de thé dont Adrien avait parlé.

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