Histoire ordinaire d’une femme ordinaire (histoire contemporaine)

  • **Evol**
    • **Evol**
    Voici une histoire à ne surtout pas porter aux regards des hommes. Voici l’histoire ordinaire de Martine, femme ordinaire. Et c’est surtout ce qu’elle vit au quotidien qui fait d’elle une héroïne.

    L’histoire de Martine va vraisemblablement vous inspirer cette petite phrase : ça sent le vécu !

    Ici, il n’y a rien de surnaturel, que du banal. Du banal drôle, du banal émouvant, du banal cafardant, du banal banal à en pleurer. Et je défi après cette histoire de trouver un homme capable de vivre notre vie de femme.

    Notre héroïne donc, s’appelle Martine. Martine a 35 ans. Enfin un peu plus… Enfin elle est plus proche de 35 que de 40… Enfin dans son esprit car les quarante, elle les aura avant la fin de l’année… Elle est employée de bureau dans une mutuelle. Un travail inintéressant au possible mais qui lui permet de vivre dignement, enfin de joindre les deux bouts, les deux bouts de quoi, on ne sait pas... Toujours est-il que dans son bureau, en « open space », elle saisit des remboursements de sécurité sociale toute la journée en compagnie d’une vingtaine de collègues… Femmes.

    Et qu’y a-t-il de pire que de travailler avec une vingtaine de collègues femmes, où d’un premier abord l’ambiance semble être bonne-enfant ? Ce qu’il y a de pire est de travailler dans un bureau avec une vingtaine de collègues femmes à côté d’un bureau où travaillent cinq hommes.

    Car malgré le fait qu’ils soient tous mariés, les femmes se disputent la primeur de ces messieurs. Concours de beauté, coups bas, rumeurs…

    Martine, qui elle se trouvait plutôt bien mariée, regardait tout ceci en premier lieu d’un œil amusé, parfois cela l’irritait, il arriva même qu’elle soit choquée. Mais ce qui l’avait choqué le plus c’est le jour où elle apprit que les hommes du service informatique avaient surnommé le bureau des « décompteuse » : le parc à moule…

    Après ses huit heures de travail, soit 12 heures depuis le départ du matin à son retour le soir lorsque la SNCF n’avait pas décidé de faire grève, elle retrouvait sa petite famille composée d’un mari et de trois moufflettes : Anne-Line – 16 ans, Alicia – 10 ans et la petite dernière Sophie 8 ans.

    Ses filles étaient plutôt calmes, l’ado était plutôt posée et travaillait bien à l’école ce qui faisait qu’on ne pouvait presque rien lui refuser.

    Par exemple, ce soir, dès l’arrivée de Martine, avant même le « bonsoir Maman, as-tu passé une bonne journée », Anne-Line lui annonça qu’elle devait repartir pour emmener son ado chérie chez l’esthéticienne… Bien, Martine, dû revoir son plan du repas de ce soir en même temps que de calculer que cette petite sortie lui coûtera : 60 €. Avec la prune qu’elle à prit ce matin pour défaut d’assurance… En fait, c’est une journée de travail pour rien…

    Parce que ce matin, lorsqu’elle a garé sa voiture sur le stationnement en zone bleu, et s’être bien assurée qu’aucune roue ne dépassait, puis avoir mit son disque en calculant d’aller le changer à la pause de 10h, elle se retrouva avec un papillon vert, justement parce que son papillon à elle avait expiré depuis 3 jours ! Et oui, cela faisait deux semaines qu’elle avait reçu le courrier sans l’ouvrir… Il faut vous dire que Martine a peur d’ouvrir son courrier…
  • Sophie 22
    • Sophie 22
    Martine avait eu le droit à tous les livres Martine, Martine fête son anniversaire, Martine à la plage, Martine à vélo... Et aussi à l'école, toutes les mauvaises blagues de ses camarades. Ceci lui avait forgé le caractère et aujourd'hui, bien qu'elle subissait sa vie plutôt que de choisir réellement ce qui pourrait l'épanouir, elle n'en n'était pas malheureuse pour autant car elle gérait. Elle était fière de gérer, fière de sa famille, fière de son pavillon, fière de sa petite voiture. Bref, tout allait bien pour elle. Elle vivait sans se poser de questions métaphysique et heureuse de ce qu'elle avait.
    Sophie - “Ecrire est un acte d'amour. S'il ne l'est pas il n'est qu'écriture.” - Jules Renard
  • Sophie 22
    • Sophie 22
    Sauf que, elle se posait toujours la question, malgré tous ses efforts pour ne pas sortir de la routine, pour éviter les imprévus, les impondérables, rien ne se passait jamais comme elle l’avait prévu.

    Pourtant, prévoir, planifier, de rien laisser au hasard étaient les maîtres mots de sa philosophie.

    Elle évitait autant que possible les questions métaphysiques. Autour d’elle, ses amies étaient toutes « perchées », enfin selon elle…

    Entre leurs séances de yoga ou de sophrologie, leurs séances chez le psy, les retraites spirituelles, les romans bien être, bien être dans son corps, vivre libre en vivant sainement etcétéra, etcétéra… Elle trouvait que plus ses relations féminines cherchaient la « zénitude », plus elles s’enlisaient dans une sorte de boue d’auto-persuasion qui ne les rendaient absolument pas plus heureuses.

    En même temps, ses copines étaient presque toutes divorcées ou séparées, ou ne rencontraient jamais « chaussure » à leur pied. « Aussi à force de vouloir des chaussures de verre, on fini nue pieds » leur disait elle !!

    Bref, Martine planifiait tout, agençait tout.

    Même tout ce qui concernait son mari, Jean-Paul, était calculé. Elle l’avait souhaité le plus simple et commun possible. Ainsi, se disait-elle, il ne serait pas trop regardant et surtout, elle ne se le ferait pas piquer ! Donc, elle avait choisi cet époux à la mesure de ses ambitions, c'est-à-dire, sans ambition du tout. Sans aucun rêve inachevé pour lui, sans frustration, un homme heureux de vivre avec ce qu’il a. Son petit train-train, un métier avec juste ce qu’il faut de responsabilité pour toucher un salaire correct sans apporter de travail à la maison, un métier pas trop passionnant pour ne pas faire l’objet des discutions au repas du soir, mais un peu quand même pour ne pas souhaiter le quitter chaque jour.

    Jean-Paul avait quand même quelques passions, Martine pensait que les passions étaient bonnes pour l’équilibre d’un couple à condition qu’elles ne soient pas partagées. Ainsi, chacun gardait un petit temps pour lui et cela évitait les disputes. Et par chance, les passions de Jean-Paul, n’intéressaient absolument par Martine, ainsi, pas de tentation d’insinuation dans ses activités « extra-travail ». Jean-Paul aimait la pêche à la ligne l’été, le vélo par tous les temps et les jeux vidéo.

    Martine n’avait pas de passion et souvent elle se disait qu’il lui fallait en trouver une parce qu’à des moments, lorsqu’elle avait tout réglé de sa journée, elle s’enquiquinait drôlement !
    Sophie - “Ecrire est un acte d'amour. S'il ne l'est pas il n'est qu'écriture.” - Jules Renard
  • Dixi
    • Dixi
    Ce que n’avait absolument pas prévu Martine, c’était la sortie du jeu « Panthéon GO » !!
    Dixi
    Panthéon go !! Qu'elle tête de linotte, Jean-Paul lui en avait parlé entre deux feuilles de salade, un soir. Occupée à son émission préférée, elle n'y avait pas prêté attention.
    Mais de quoi parlait-il déjà ??? Rechercher des héros virtuels dans les villes et provinces de France ? Et pourquoi faire ??? N'étaient-ils pas tous deux occupés par le quotidien ! Il fallait que Martine tire cela au clair, et rapidement.
    Elle n'aimait pas les situations confuses. Et si cette folie gagnait les filles ? Elle allait dès ce matin se rencarder auprès des collègues.
    Enfermer des héros au panthéon.... On marche sur la tête !
    Agacée, tourmentée, elle enfila une robe, les beaux jours lui donnaient toujours la pêche . Oui, elle allait assurément dissiper ce nuage qui encombrait le ciel de sa vie.
    Ayant trouvé de jolis escarpins coordonnés à son vêtement , elle attrapa son sac à main.
    Zou ! C'était décidé, Martine, allait empêcher les siens de sombrer .
  • Sophie 22
    • Sophie 22
    Arrivée pile à l'heure au bureau, elle prit sa place comme à son habitude sans prendre de petit café et prête à travailler.

    Seulement le bureau était aussi occupé que durant la semaine de 15 août. Les téléphones sonnaient de partout, et personne pour y répondre. Martine qui était très méticuleuse et qui avait, dernière de son espèce, encore une conscience professionnelle, répondit aux appels.

    Cet aparté avait eu sur elle un effet désastreux : non seulement cela l'avait mise en colère, mais le fait qu'elle n'eut pas le temps de s'atteler à ses propres tâches administratives l'avaient rendue furax !

    Petit à petit, ces collègues rentrèrent dans le bureau. Martine ne leur avait pas adressée un regard en signe de mécontentement. Et elle s'aperçu vite de la raison de cette désertion : Panthéon GO !

    Elle écouta donc très attentivement les discutions qui émanaient de ces têtes de linottes de collègues. Martine n'en revenait pas ! Aucune parole méchante sur la chef, rien sur la nouvelle stagiaire trop jeune et jolie pour elles, rien sur les gars du service informatique, pas un seul rapport sur le scoop du jour trouvé dans les magazines people, elles avaient rangé leurs langues de vipère pour ne parler de rien, rien, rien, rien d'autre que Panthéon GO.

    "J'ai réussi à enfermer Goudounof !" dit l'une
    "J'ai failli choper notre couillon de président" dit l'autre
    "Bah moi j'ai eu Bablond !!! " dit la troisième
    "Merde, mais comment t'as fait pour attraper le premier ministre !!"
    "Cool... tu vas pouvoir mettre Batman à sa place au Panthéon, on sera mieux gouvernés !!! "... Ah ah ah ah !!!! Et ce fut un artifice d'éclats de rire.

    Aïe... La mission va être impossible ! Surtout que durant tout cette journée, les filles, prunelles de ses yeux, auront tout le loisir de se laisser embrigader dans ce jeu. "J'aurai dû leur supprimer leur téléphone portable ce matin..." pensa Martine dépitée.
    Sophie - “Ecrire est un acte d'amour. S'il ne l'est pas il n'est qu'écriture.” - Jules Renard
  • Emilie Y
    • Emilie Y
    A la pause de midi, Martine sortit prendre l'air et son repas dans le petit café-brasserie au bout de la rue.

    "Bonjour Bruno ! " dit Martine
    "Salut ça va ? J'te sers comme d'hab ? "
    "Oui s'il te plait ! "

    Il n'y avait pas foule dans cet établissement, pourtant les propriétaires du lieu étaient sympathiques et faisaient de la cuisine traditionnelle excellente et très abordable. C'est d'ailleurs pour cela que Martine allait manger son déjeuner là-bas.
    Elle espérait pouvoir s'évader un peu de son bureau de gonzesses écervelées et ne plus penser à ses collègues, car elle était toujours en colère d'avoir travaillé pour toute l'équipe pendant qu'elles étaient parties à la chasse aux héros.

    Au moment ou Bruno lui apporta son habituelle salade océane, la porte s'ouvrit pour laisser entrer un couple d'octogénaires et...la stagiaire ! Cette jeune femme, elle ne savait pas comment la cerner. Elle se sentait mal à l'aise en sa présence, comme impressionnée, alors qu'elle n'était que stagiaire! Elle eut beau chercher ce qui lui donnait cette impression, elle ne trouva pas. Peut être sa voix un peu grave ? Bref....
    "Mais que fait-elle ? " pensa Martine.

    Elle voit Stéphanie, la fameuse nouvelle se diriger droit vers elle !

    "Euhhh, re-bonjour..... puis-je m'installer avec vous ? " demanda Stéphanie.
    "Oui....bien sur..... " répondit Martine interloquée. Elle se demanda bien pourquoi elle voulait manger avec elle à sa table alors qu'il y avait encore des places disponibles en salle.
    "Je ne savais pas trop où manger, je ne connais pas le coin et l'équipe n'a pas trop l'air de m'apprécier....alors...." expliqua Stéphanie.
    "Vous m'avez suivie ??? "
    "Non non ne vous méprenez pas, je vous ai croisée au bout de la rue et je vous ai vue rentrer ici..."
    "D'accord.....pas de souci, installez-vous..."

    Mais pourquoi Martine n'arrivait t-elle pas à regarder la jeune femme dans les yeux ? Et cette voix...
    C'est dingue ce que l'on peut faire avec 26 lettres!
  • LAPLUME42
    • LAPLUME42
    Les deux femmes mangèrent en silence, aux sons des couverts qui s'entrechoquent mêlés au léger brouhaha qui emplissait le petit bar restaurant. La "déco" était sobre, des chaises en bois, des tables en formica et les murs affichaient une vieille peinture bleue écaillée témoignant que l'établissement souffrait déjà du temps passé. Martine se dit qu'elle avait du mettre la jeune femme mal à l'aise, et comme pour essayer de briser la glace, elle enclencha la discussion:
    "Ton stage te plait?
    - ça va... Mais j'espère qu'on me confiera vite quelques tâches plus importantes que faire des photocopies; Et puis, je crois que les femmes qui saisissent les remboursements ne m'apprécient guère. "
    Ce qui pouvait les agacer, c'était son charme déconcertant, se surprit à penser Martine. Troublée par la pensée qui venait de traverser son esprit, elle termina son assiette au plus vite et prétexta dans un balbutiement qu'elle devait sortir pour appeler son mari avant de se remettre au travail.
    Carpe diem
  • Céline
    • Céline
    La stagiaire resta plantée là. "Si c'est ça le monde de travail" !!

    Effectivement, on était ici dans la vraie vie, fini les copains de fac, il faudrait bien s'habituer à ce fait : au boulot, on n'a pas d'amis.

    Sa mère l'avait bien mise en garde en lui racontant son premier poste, à 16 ans, un boulot d'été dans un bureau, là où travaillait sa mère justement. Elle lui avait raconté qu'elle avait fait comme au lycée, parler à tout le monde, cancaner, dire du mal des uns et des autres, écouter toutes les mégères, les conversations de pauses café. C'était chouette ! Si chouette qu'elle s'était vite prise au jeu et avait dit du mal du patron à une collègue, comme tout le monde en disait du mal, elle pensait que c'était de coutume dans les grandes boites. Bref, elle appris peu après qu'elle parlait à sa maîtresse... L'année d'après elle ne fut pas reprise !

    Sans doute qu'en tenant compte des conseils de sa mère, elle devenait trop "discrète", ne sachant trop quoi penser d'elle puisqu'elle ne confiait pas grand chose. De toutes façons, le stage fini, elle n'entendrait plus parler des "décompteuses"...
    Céline
  • Emilie Y
    • Emilie Y
    "Non mais qu'est ce qui m'arrive ? Je me retrouve comme une imbécile sous la pluie en prétextant appeler mon mari..." pensa Martine.
    "Il y a vraiment quelque chose qui me perturbe, mais quoi... Sa voix, c'est sûr. Et son charisme. Elle a l'air tellement sûre d'elle, et moi tellement pas... Et puis elle est jolie, sans pour autant que ce soit une fille sur laquelle on se retourne. Allez, c'est l'heure de retourner au bureau... "
    De retour, Martine se remit au travail. D'une façon telle, qu'elle ne vit pas Stéphanie s'arrêter devant son poste.
    "- Euh... Martine ?
    - Oui, un problème ?
    - Non c'est juste que tu es partie précipitamment et sans payer, du coup Bruno voulait bien te faire crédit, mais j'ai préféré régler pour toi.
    - Ah bon, merci, quelle imbécile ! Je suis désolée, j'étais obnubilée par mon coup de fil. Attends je te rembourse de suite !
    - Pas nécessaire, tu me paieras mon repas de demain ! "
    Sur ce, Stéphanie s'éloigna, laissant Martine dans un mélange de perplexité, joie et stress.
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  • Zooli
    • Zooli
    Stéphanie... Martine y pensa toute la nuit. Elle abandonna son mari qu'on entendait dormir profondément et alla se faire une eau chaude dans la cuisine. Les heures passant et les pensées agitées sans relâche. Martine décida de ne pas aller travailler le lendemain. Quel soulagement ! Jean-Paul partirait au travail, tant dis qu'elle pourra manger son petit-déjeuner dans le lit en regardant une de ses comédies françaises rituelles. Si le temps est beau, il ira sûrement se promener dans le parc d'à côté, prendre l'air, s'aérer l'esprit, observer les détails de verdure. Rassurée, Martine repartit se coucher. Elle embrassa Jean-Paul dans le dos en se calant contre lui.
    Z.
  • Dixi
    • Dixi
    Mais qu'avait cette Stéphanie qui lui faisait perdre tous ses moyens ? Elle toujours très sûre d'elle. "Sûre de moi ?"... Peut-être pas, sans quoi je n'aurai pas besoin de tout planifier ainsi afin de ne rien laisser au hasard...

    Voilà ce qui n'allait pas : cette fille n'était pas comme les autres femmes de son bureau. Elle avait de la consistance, et avec elle, Martine n'arrivait pas à se sentir supérieure, à garder sa suprématie. Car enfin, dès que quelque chose n'allait pas, c'est à elle que l'on demandait conseils, c'est sur son épaule que l'on venait pleurer, c'est de elle que l'on disait "Va voir Marine, elle doit savoir"... Et là, c'est elle qui était ridicule au point d'avoir oublié de payer la note à Bruno.

    En fait, elle était en colère après elle-même de n'avoir pas été à la hauteur devant une gamine sortie de nulle part.

    Elle décida donc, plutôt que de prendre l'air, d'occuper sa journée à l'élaboration d'un plan d'action, de bataille, Napoléon c'était elle et elle ne devait rien laisser au hasard à commencer par le rappel de ses troupes. Il ne manquerait plus qu'elle ne soit plus la "populaire" comme elle l'a toujours été depuis la primaire. Avoir et être mieux que tout le monde, c'était le sens qu'elle avait toujours donné à sa vie.
    Dixi

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