La chevalière des Brigades rouges

Chapitre 5

 

Soudain un cri strident retentit. Le commissaire stoppa net, se retourna juste pour recevoir une Flavie hurlante dans ses bras.

« - Une ar… Une grosse araignée, là… dans … voiture… mygale ! cria Flavie.

- Encore… la prochaine fois, attendez d’être invitée, avant de vous blottir contre moi  !

- Ce n’est pas demain la veille ! Répliqua Flavie. Le commissaire vexé rétorqua :

- Réclamez une intervention d’urgence ! Sylvain fermez les portes bon sang !

- C’est fait ! Dit Sylvain.

- Est-ce qu’on peut partir ? demanda le chauffeur des éboueurs.

- Le constat a été fait, vous viendrez le signer à la gendarmerie ! Il faut débloquer la route ! lui répondit l’un des gendarmes.

- Vous avez fouillé la benne ? Tonna Gontran. Sylvain regarda  Gontran avec de gros yeux :

- Ça pue ! Qu’est-ce qu’on recherche dans les poubelles ?

- Mais …. Qui m’a donné des énergumènes pareils, encore un mot et vous vous retrouvez à la circulation ! »

Le commissaire Gontran était dans un état d’énervement extrême.

Pendant ce temps, dans la benne Nino et Julienne n’en croyaient pas leurs oreilles 
Une mygale ? Ils auraient pu être morts. Il valait quand même mieux se retrouver dans cette benne puante, cachés par un carton, les pieds dans les épluchures de légumes, assis sur des pots de yaourt à moitié vides. Advienne que pourra ! Nino avait toujours une main sur la bouche de Julienne de peur qu’elle fasse le moindre bruit. Et il fit bien, on fouillait un peu partout. Enfin tout s’arrêta, le camion repartit direction la décharge. Ouf encore une fois sauvé, maintenant il faut trouver le bon moment pour sortir de là, pensa doucement Nino.

L’équipe d’intervention arriva sirènes hurlantes sur les lieux et prirent des dispositions pour fouiller convenablement la voiture. Deux mygales furent piégées. L’intention de donner la mort n’était plus une farce.

« Nous allons jeter un coup d’œil dans l’appartement de ce Nino, avant d’aller interroger nos deux lascars ! Aller ! Flavie au boulot ; grommela le commissaire Gontran. »

Ils reprirent la route, et s’arrêtèrent non loin de l’adresse indiquée sur les papiers du véhicule. Mais malheureusement aucun des noms sur l’interphone d’entrée ne correspondait à celui de Nino Martin. « Ce n’est pas vrai, » hurla Gontran en tapant du pied, ce qui fit sursauter une fillette qui jouait sur le trottoir.

Flavie s’en approcha, lui sourit et lui demanda :

« - est-ce que tu connais un monsieur qui s’appelle Nino ?

- Ma mère ne veut pas que je parle à des inconnus, lui répondit-elle

- Alors qu’est-ce que tu fais toute seule dans la rue ? Rétorqua sèchement le commissaire.
La fillette se sauva appelant sa mère en criant. Une fenêtre s’ouvrit et une tête sortit en vociférant des injures envers ces étrangers qui maltraitaient son enfant.

- Vous n’en ferez jamais d’autres, cela ne m’étonne plus qu’on vous regarde de travers, vous feriez fuir une hyène affamée. Renchérit Flavie.

- Gardez vos réflexions pour… commença-t-il. »

Flavie était déjà partie vers la fenêtre, pour interroger la femme. Elle se présenta et s’excusa pour l'attitude de son chef envers la fillette. La mère de l'enfant se radoucit, et répondit à ses questions : oui elle connaissait Nino, oui il habitait ici avec Julienne ... Un couple sans histoire, serviable, lui travaillait dans la grande surface à l’écart de ce village... Non elle n’avait rien vu de suspect... Flavie lui demanda de bien vouloir leur permettre d'accéder au palier, la remercia et retourna auprès du commissaire toujours furibond d’être, pensait-il, « un incompris ». 

La porte s’ouvrit, et nos deux policiers entrèrent. Flavie sonna à l'interphone où étaient indiqués cette fois-ci les deux noms des occupants. Aucune réponse. Il n’y avait personne dans ce logement.

« - Bon nous avons une idée de l’identité de la personne qui était avec Nino ! Remarqua Gontran.
- Pas sûr, dit Flavie. »

Le commissaire appela un serrurier. Dès que la porte fut ouverte, il s’engouffra dans la pièce suivie de sa collègue. Dans la salle à manger des canettes de bière vides et un restant de gâteau rehaussé d'une chaussette, ( pas banal pour une pâtisserie), traînaient sur la table basse.

« - Ce gâteau provient de la boulangerie c’est certain, dit Flavie, il en avait un identique là-bas.

- Venez voir ! Il y a eu une bagarre ici, du sang sur la chaise, et quelqu’un a été traîné dans la pièce voisine. Flavie appelez la scientifique pour les indices ! Là dans la cuisine, un carreau cassé, quelqu’un s’est introduit dans ces lieux. Ah ça commence à faire pas mal de traces. Il se retourna et ne finit pas son commentaire, en apercevant une Flavie prête à s’évanouir…

- Ah ! On ne saute plus dans mes bras…? Il suivit le regard de Flavie jusqu’au tapis celui-ci bougeait d’une façon bizarre... » Cloclo – 15/09/2016

En soulevant la carpette, le commissaire découvrit le même jeu de farce et attrape que dans la boutique. Le doute n’était plus permis, ils se trouvaient là dans la tanière des coupables. En poussant plus loin leurs investigations, ils retrouvèrent dans une boîte de gâteaux en fer de vieilles photographies, des gens armés dans d'anciennes bâtisses, a priori ces clichés n’avaient pas été pris en France. L’un d’eux attira l’attention de Gontran, un homme d’une trentaine d’années en compagnie d’une petite fille. Il lui semblait avoir déjà vu cet homme quelque part. Une autre photographie était prise à Paris, à deux rues d’ici, le commissaire le nota sur son petit carnet. 

Au moment de quitter l’appartement et perdu dans ces pensées, quelque chose le troubla. Il fit un pas en arrière, et souleva le cadre qui reposait sur le meuble de l’entrée et le regarda attentivement. Soudain comme devant une apparition, il ressortit une des photographies de sa poche. Ce portrait ressemblait à s’y méprendre à l’homme sur la photo qui était à côté de la petite fille. Il scruta cette image.

« Flavie, lorsque nous serons au commissariat, faites agrandir cette photo et surtout la main de l’homme ».

Aux bureaux, deux témoins attendaient d’être cuisinés. Gontran demanda également que l’on relève les empreintes sur le jouet. Puis il fit entrer le premier individu dans la salle d'interrogatoire. 

« Bon, on s’installe, je n’ai pas forcément le temps, donc vous allez me donner fissa votre nom, prénom, profession et pourquoi vous étiez dans cette voiture ? »

Rien

« Bon, je n’ai pas le temps et surtout pas de patience, votre nom, prénom, profession et pourquoi étiez-vous dans cette putain de bagnole ? »

Rien

Le commissaire se leva.

« Ça me fatigue vous savez, et quand je suis fatigué, je crie, je deviens grossier et ceci nuit à ma réputation, et je tiens à ma réputation. De toute façon, nous finirons bien par connaître votre identité. Alors, que faisiez-vous dans cette voiture ? »

Rien

On frappa à la porte.

« - Commissaire, vous pouvez venir deux minutes ?

- Quoi Flavie, vous ne voyez pas que j’interroge un suspect, peut-être un dangereux criminel… Dit-il en fixant l’homme avec un sourire narquois.

- C’est important Commissaire.

- D’accord, dites à Sylvain de venir me surveiller celui-là pendant ce temps »

Le commissaire échangea sa place avec Sylvain et suivit Flavie dans le couloir.

« - Commissaire, nous avons fait une découverte : le jouet cachait un microphone.

- Un micro ?!

- Non, justement, un microphone. Un modèle des années 70.

- Mais pourquoi voudrait-on mettre sur écoute ce couple ? Avez-vous regardé dans celui de la boulangerie ?

- Le même ! Il y avait un microphone du même modèle. Exactement.

- Que notre jeune couple surveille la boulangerie, ça me paraît plausible, mais ils ne vont pas se mettre sur écoute eux-mêmes ? Avec des micros datant de la révolution… 

- 1976. C’est un modèle qui est sorti en 1976 commissaire.

- Et les photos ?

- Voici l’agrandissement que vous avez souhaitiez. A priori il porte une grosse chevalière.

- On ne voit pas bien le sigle, il n’y a pas moyen d’avoir quelque chose de plus net ?

- Non, mais en plissant les yeux, ça forme comme une sorte d’étoile.

- Les brigades rouges ! Et lui, on l’a identifié ? Dit le commissaire tapotant de son gros doigt sur la photo de l’homme et de la petite fille.

- Il s’agit de Mario MORETTI, un des chefs des brigades rouges.

- Ne bougez pas Flavie…

Le commissaire retourna à toutes jambes vers son bureau et s’adressa au suspect en le regardant droit dans les yeux :

- Où est Mario ?

Le témoin devint blême, Gontran venait de trouver l'une des clés de l’affaire…
Evol – 17/09/2016

De leur côté, Nino et Julienne se retrouvèrent à la déchetterie de la porte de la Chapelle. Ça grondait dehors, les employés n’avaient pas pu finir leur tournée et le chef était d’une colère folle. Ils en profitèrent pour sortir du camion et passer le portail de la décharge le plus discrètement possible.

Tout danger écarté… pour le moment, car Nino se doutait bien que leur appartement serait fouillé et qu’ils ne tarderaient pas à être poursuivis par toutes les polices de la capitale et d’ailleurs. Il ne trouvait pas de solution pour se tirer de ce guêpier dans lequel il s’était fourré. Dire que ce matin, il devait prendre la mer…

Après quelques pas, ils s’engouffrèrent dans ce qui portait le nom d’une brasserie parisienne, mais qui semblait plutôt être le quartier général de tous les Africains du coin.

Leur présence ne tarda pas à en surprendre plus d’un. 

Ils s’installèrent sur une table, Nino demanda un petit noir bien séré. Les regards se firent plus pesants encore. « C’est comme ça que ça s’appelle », dit-il à l’envolée comme s’il devait se justifier. 

Julienne le fixa, quelque chose venait de se produire dans son esprit.
« - Nino, j’ai vu ton père en bas…

- Arrête, ce n’est pas drôle ! Il y a bien longtemps que mon père nous a quittés.

- Non, pas celui-ci, l’autre.

- Quel autre ? Mais de quoi tu parles, tu ne crois pas que l’on a assez de soucis comme ça pour nous ajouter tes élucubrations.

- Je ne délire pas Nino. En bas, il y avait ton père, il te ressemble, je ne sais pas pourquoi, mais il m’a pris pour ta mère dont, semble-t-il, il était fort amoureux.

- ???

- Nino, ton père est Mario Moretti, c’était l’amant de ta mère, il est en vie et il se cache dans les égouts de Paris. »

Julienne lui avait balancé cette phrase comme pour se libérer d’un poids. De toute façon il fallait le lui dire, car cet ancien révolutionnaire était la clé de tous leurs ennuis de la journée.

Nino resta prostré.

Soudain un homme se leva, il se campa devant Julienne et prononça des mots dans un dialecte qui leur était inconnu. À ces mots les autres africains se retournèrent vers le couple avec effrois. Certains quittèrent précipitamment le troquet. 

« Kinaou… Hama… Aféla… troisième œil… marabout… tuez l’objet… vite !! » puis il partit en courant laissant le lieu entièrement vide.

Nino mit un moment à réagir et c’est Julienne qui le prit par la manche disant que ce n’était pas bon de rester ici, qu’il fallait quitter ce quartier pour se rendre en un lieu plus paisible, un parc, avec des petits oiseaux, un endroit calme pour digérer toute cette folie.

Elle commença à s’engouffrer dans le métro. Nino la stoppa net. Non, il était surveillé, il fallait partir à pied et pas dans les grandes avenues, plutôt en prenant les petites rues. Mais pour aller où ?
Sophie22 – 18/09/2016

Oui....Pour aller où ?

Nino avait du mal à déglutir. Qui était-il ? Pourquoi ses parents lui avaient-ils menti durant leur vie ? Seule sa mère l’avait mis en garde pour la chevalière, comment celle-ci se retrouvait-elle sur l’annuaire de Julienne ? Il fallait absolument éclaircir tout ceci, et cet Africain avec ses élucubrations, il ne fallait pas prendre tout ceci à la légère. Il sentait que leur vie était en jeu.

Il attrapa Julienne, la regarda droit dans les yeux, et lui demanda de se défaire de cet anneau très vite, à cet instant elle changea complètement de physionomie, il crut voir la boulangère. Il reçut une décharge et lâcha une Julienne totalement hors d’elle, impossible de comprendre les mots qui sortaient de sa bouche. Déjà des badauds s’arrêtèrent se demandant ce qui se passait. Nino défit son pull-over l’enroula de force sur la main de Julienne, la traîna jusqu’à un Velib qui se trouvait sur le trottoir, mit Julienne à califourchon devant lui et s’enfuit au hasard. Julienne s’était tue. Nino pédala à bout de souffle.

Où était-il ? Cloclo – 20/09/2016

Un café fumait sur la table ronde. Il était là, assis, le regard vide au beau milieu de l’étoile qui ornait le centre de la pièce. Pièce qui n’en était pas une, mais qui lui rappelait tellement le temps des planques, le temps de l’action, le temps où il était le « Sphinx ». 

Augustin le sorti de sa torpeur :

« - Que faisons-nous maintenant Chef ? Et la fille ? 

- Nous n’en avons plus besoin, laisse-la partir. Il va nous ramener Gisèla. Et avec elle sa chevalière.

- On ne peut pas la relâcher, elle irait tout droit vers la police

- Alors tue-la… » Voulant écarter Madame Apfelglück de sa vue en chassant l’air contenu entre elle et lui.

Puis Mario retourna à ses pensées.

***

C’est devant la porte d’un vieil immeuble du quartier chinois de Paris que Nino arrêta sa course. 

«Bippppp 
- Si
- è Nino
- Tra è aperto »

Julienne surprise :

« - D’où tu connais l’Italien ? »
- Ma mère m'a appris l'italien, Julienne
- Où sommes-nous ici ?
- Chez un vieil ami de mon père.
- Lequel ?
- Justement, tu vas bientôt le savoir. Dit-il en la poussant sèchement vers le hall d’entrée… »
Céline – 23/09/2016

Gaëlle ouvrit un œil, puis le referma. Elle avait mal partout, des douleurs dans le cou, à son pied, et aussi le dos. Et maintenant elle ne pouvait plus bouger. Il lui sembla, quand même, qu’elle était à l’abri. Une larme coula sur sa joue. Elle se souvint.

Son amie Julienne était devenue folle, une vraie furie, changeant de visage, elle avait même voulu la tuer, elle avait pu s’enfuir, en sautant d’une fenêtre. Elle avait eu la peur de sa vie, lorsque Nino avait hurlé son prénom pour la faire revenir ; là elle monta dans une 2 chevaux qui semblait l’attendre, l’homme démarra en trombe, et son cauchemar continua. 

La voiture s’arrêta une rue plus loin, le chauffeur sortit très vite, fit le tour du véhicule, la tira brutalement au-dehors, la bâillonna, attacha ses poignets et la traîna le long de plusieurs couloirs. Il la laissa seule dans une pièce vide. Elle réussit à détacher ses liens avec la fougue que pouvait donner l'effroi elle s’enfuit de cet endroit, sans trop regarder le chemin qu’elle suivait, la douleur de sa jambe l’en empêchait.

Elle se retrouva dans la rue ; enfin de l’air !

L’appartement de Julienne, ne se trouvait pas très loin. Elle prit peur lorsqu'elle aperçut Nino, elle prit une pierre sur le trottoir, et monta dans la voiture de Nino en stationnement. Nino ouvrit la portière et s’assit derrière le volant mit le contact, de toutes ses forces elle le frappa à l’aide de la pierre, le traîna hors du véhicule, jusqu’à une porte et le laissa à son destin. Elle reprit l'automobile et s’enfuit. Un peu plus loin, elle fut arrêtée par un barrage de gendarmerie. Un homme la somma de sortir.

Puis plus rien… Le noir complet.

Elle se réveilla sans pouvoir bouger, dans un lit bien douillet et à l’abri pour le moment…

***

« Je croyais connaître beaucoup de choses sur ta vie, et là, je vois que je suis loin du compte.....hé là ! Je ne suis pas un objet… Un peu de douceur, quand même » réfute Julienne, remarquant Nino se conduire comme un goujat.

La pousser ne lui avait pas plu. Ils se retrouvent devant un homme assez corpulent, type italien, aux allures sommes toutes trop cavalières du goût de Julienne. Pendant quelques minutes, tous deux l'ignorent, parlant en italien entre eux, tout en lui lançant des regards furtifs.
Estomaqués ils voient son visage se transformer. Maintenant elle ressemblait à Gisela, la mère de Nino.

Giovanni, reprit le premier ses esprits. Il attrapa Julienne, et la plaqua au sol, mais la force de Julienne était décuplée par la chevalière. Nino sentit qu’il aurait du mal à la maintenir à terre. Il lui ficela les jambes avec sa ceinture, puis la bâillonna avec le chiffon qui se trouvait sur l’un des fauteuils. Puis ils la portèrent, avec difficulté, dans une chambre, au deuxième étage. Giovanni alla dans la salle de bains, revint avec un verre d’eau et un cachet, et força Julienne à l’avaler.

Ils attendirent que Julienne se calmât sous l'effet du comprimé, puis descendirent au salon, Nino en profita pour lui raconter, en détail, les événements qui venaient de se passer. 
« Prendere l'anello Ducale (il faut prendre la chevalière) » dit Giovanni.
Retournant dans la chambre, Giovanni lui serra la main, toucha la bague, et aussitôt reçut une décharge qui l’envoya contre le mur. « Aie ! difficoltà' »

Puis en français sachant que Julienne ne pouvait l’entendre : « Nino, il faut que ce soit elle qui la retire, la soluzione, fait lui faire l’amore dans la baignoire il pozzo acqua e sapone (pleine d’eau savonneuse) Cloclo – 24/09/2016

Nino repartit voir Julienne et s’approcha d’elle doucement :

« - Julienne, cette chevalière appartenait à ma mère, c’est Mario Moretti qui la lui avait donnée lorsqu’elle avait 10 ans. Elle l’a toujours gardé à son doigt. Je me souviens que quand mon père frôlait sa main elle lui lançait un regard doux et bienveillant et lui disait – ce doigt ne t’appartient pas, mais mon cœur si – Et mon père lui déposait toujours un tendre baiser sur la joue. Je me doutais qu’il y avait un lourd secret entre eux, que je n’ai jamais su jusqu’a il y a quelques heures. Mais mes parents s’aimaient. Mais cette bague, Julienne, porte le diable en elle. Pour te la reprendre, il faudrait que je te tue, et je n’en ai pas envie.

- Nino, tu n’es pas un assassin, je ne comprends rien à tout cela. Comment se fait-il que tu parles italien ? Et qui c’est ce « Giovanni » ? Es-tu un homme de main de Moretti ?

- Je ne suis pas à la botte de Moretti, il m’est tombé dessus en même temps que toi. Giovanni, je te l’ai dit est un vieil ami de mon père. Ensemble nous cherchions depuis 10 ans l’assassin de ma mère. Il se trouve que la chevalière, mise au doigt à son nouveau propriétaire lui donne l’apparence de celui qui vient de mourir. Giovanni m’a dit qu’il avait cru voir ma mère dans la boulangerie, je suis donc allé vérifier et en effet, j’ai vu ma mère. Tu peux contrôler ton aspect physique, être Julienne ou la dernière personne qui a porté ce bijou. Mais là où le bât blesse est que dans la théorie, tu as dû tuer la boulangère, car tu as pris son apparence…

- Ce n’est pas possible Nino, je suis entrée dans la boulangerie pour acheter le gâteau, rien de plus ! Julienne savait que la magie venait d'ailleurs. Que Nino pense ceci, l'écartait de tout soupçon.

- Tu as sa bague tu l’as donc assassinée, comme elle a sûrement tué ma mère. Tu n’aurais pas pu la porter sinon, même si elle l’avait enlevée d’elle-même.

- Et Moretti, comment a-t-il fait pour la donner à ta mère alors ? Elle ne l’a pas supprimée, elle, pour la récupérer ! Et julienne s’effondra en sanglots.

- Je vais te faire couler un bain, ça va te détendre »

Nino parti et s’assit sur le bord de la baignoire et regarda l’eau ruisseler. « Il faut qu’elle retire d’elle-même cette fichue bague » pensa-t-il. Il profita des embruns tièdes du bain qui se préparait pour se reposer un moment, il ferma les yeux un court instant… 

Soudain, il les rouvrit : elle a raison ! Comment se fait-il que ma mère ait pu porter la chevalière !!

Il courut vers Julienne, la prit par le bras : 
« - changement de programme, on retourne auprès de Moretti ! 

- Je n’ai pas envie de revoir le vieux gâteux !

- Il le faut Julienne, dis-moi, qu’est-ce qui s’est passé en bas ?

- Ce chnoque antique m’a appelé « Gisèla », j’ai pas compris. Et quand il me parlait, c’était comme si je le connaissais depuis toujours. Puis ce nom m’a évoqué celui de ta mère et en le regardant bien j’ai percuté : tu lui ressembles comme deux gouttes d’eau.

- C’est à cause de la chevalière, tu as dû prendre l’apparence de ma mère.

- Saloperie de bague ! Tiens, garde là, j’ m’en fous, j’ m’ casse, c’est n’importe quoi ton histoire ! Je ne retournerai pas voir le vieux sénile pour qu’il me fasse des avances. Je rentre à la maison, je raconte tout à la police, même de toi, j’en ai marre ! »

Julienne était furibonde, elle avait balancé la chevalière au visage de Nino et s’apprêtait à ouvrir la porte quand passant dans le couloir, elle vit son reflet dans le miroir, ce n’était plus elle, mais de nouveau la vieille dame qui se tenait devant elle. Le choc, le surmenage et la fatigue eurent raison d’elle et elle s’effondra sur le plancher.
Evol – 28/09/2016

Lorsque Julienne se réveilla, elle était seule. Doucement elle reprit ses esprits. Nino lui avait servi une soupe de mensonges destinée à une écervelée. Son histoire de chevalière magique ne tenait pas debout. D’ailleurs tout n’était que du bidonnage, à commencer par leur amour. Toute confiance en Nino était perdue et maintenant elle se retrouvait seule à devoir résoudre une affaire de meurtre dans laquelle elle se trouvait impliquée et dont elle était persuadée être la dinde farcie. Soit elle servait d’appât soit elle avait été au mauvais endroit au mauvais moment et ça, c’était l’histoire de sa vie.

Il n’y avait pas un bruit dans l’appartement. Julienne avait été enfermée dans la chambre, les volets étaient verrouillés également. En cherchant à ouvrir la fenêtre, ses yeux se posèrent sur ses mains : pas de chevalière ! Ceci démontra que la théorie de Nino n’était que pure affabulation.

 

***


De son côté, l’inspecteur Gontran avançait à grands pas dans son enquête. Les deux témoins s’étaient mis à table : le nom de Moretti avait eu un effet magique. 

Après avoir parcouru quelques articles de presse de l’époque et puisé dans ses souvenirs d’enfants, le personnage de Mario Moretti lui était devenu un peu plus familier. Il avait réuni Flavie, Sylvain et Doug, même si ce dernier n’était pas le meilleur agent, il pourrait assurer leurs arrières dans la « chasse aux rats d’égouts ». 

Il avait également demandé qu’on rappelât le boulanger, Monsieur Afpelglück, son histoire n’était pas claire. L’ADN prélevé sur le cadavre n’était pas celui de sa femme. Une autre question se posait maintenant : où était la boulangère ? Sans compter que l’on ne savait toujours pas qui était cette jeune femme morte, pendue et barbouillée du sang d’une autre personne… C’est ce qu’avait aussi révélé l’autopsie. L’inspecteur craignait que Madame Apfelglück ne fît plus partie de ce monde non plus…

C’est donc en compagnie de Flavie, Sylvain, Doug, mais également de quelques gars du GIGN qu’il partît investir les égouts de Paris…
Céline – 29/09/2016

Les deux policiers envoyés pour ramener Braden Afpelglück, au poste de police arrivèrent devant la boulangerie, montèrent les escaliers attenants à l’appartement et trouvant la porte grande ouverte entrèrent avec les sommations d’usage. Après avoir inspecté les lieux, ils se rendirent à l’évidence : Braden Afpelglück, avait disparu. 

 

***


Depuis la veille au soir, Braden vivait un enfer. Susy, sa femme était venue le réveiller brutalement.

« - Dépêche-toi, un type est dans le fournil... J'ai peur qu'il ne vole ma bague... Je l’avais déposée sur le comptoir du magasin, je l'ai cherchée en fermant la boutique et je ne la retrouve plus !
- Idiote ! Tu n’en feras jamais d’autres…Vite, le fusil…»

Mais pas assez vite...

Déjà un homme armé, les tenait en joug, et les obligea à le suivre en bas jusqu’au fournil et là un triste spectacle s’offrirent à leurs yeux .Une jeune femme était allongée sur le sol, le visage en sang, ne bougeant plus, un deuxième homme avait attaché l’extrémité d’une corde à la poutre. Il s’approcha de la boulangère une seringue dans les mains. À la vue de l'objet, elle s'évanouit.

Braden commença à hurler, pour que sa femme et lui soient épargnés ; on le ficela et le bâillonna solidement. Le spectacle macabre débuta : l’homme à la piqûre sangla le bras de Susy, lui pompa du sang et ensuite s’approcha du cadavre, il sortit un stylet de sa poche, le trempa dans la seringue et commença son travail de tatouage. Le pauvre boulanger resta prostré plusieurs heures. Les assassins partirent en emmenant sa femme. Après avoir repris quelque peu ses esprits, il appela la police, mais sans laisser son nom. À l’arrivée de celle-ci, aucun mot ne put sortir de ses lèvres, tout en n’étant pas des leurs, il connaissait bien les brigades rouges, pour cette raison il préféra mentir sur l’identité du cadavre.

Maintenant il était sous les ponts, avec des sans-abri. Rester chez lui était au-dessus de ses forces, mais il était en vie et c’était le principal pour le moment… Cloclo – 02/10/2016

Il avait la mine lugubre et il avait quitté ses compagnons de misères pour trouver un peu moins d’austérité. Il avait marché longtemps dans les rues de Paris et il se trouvait maintenant non loin du Guignol du Parc des Buttes de Chaumont. D’ici il pouvait voir la belle lumière du Sacré Cœur. On était en milieu d’après-midi, mais le ciel était gris et sombre, tout comme cette journée. Il se dit que dans la verdure du square, il retrouverait un peu de sérénité et puis il était fatigué de marcher et fatigué de penser. Il se cala à l’ombre d’un saule pleureur et s’imprégna du calme du lac. Quelques badauds se promenaient, un homme au col relevé semblait souffrir de l’air gelé et hâta le pas. Il n’était pas loin du Père-Lachaise, il avait toujours rêvé d’aller voir ce cimetière et ses célébrités. Il se serait recueilli sûrement sur la tombe de Jim Morrison, de Dalida, mais aussi de son compatriote Max Ernst. Mais le visitera-il un jour ce lieu ? « Je verrais sans doute ma sépulture avant les leurs… » se surprit-il à penser.

Le froid commençait à lui glacer les sangs. Il soufflait sur le bout de ses doigts pour tenter de les réchauffer un peu, mais en vain. Dommage, car il se sentait bien ici, l’air frais, le bruit du vent dans les feuilles, le cliquetis de l’eau, les canards qui cancanaient en s’ébrouant les plumes. Il ne manquait qu’un soupçon de chaleur. La chaleur de sa Susie… Mais où pouvait-elle être à cette heure-ci ? Était-elle seulement encore en vie…

 

***


De son côté le commissaire et Egoutstoute sa troupe s’engouffrèrent dans les égouts de Paris. Ce fut d’abord l’odeur qui les prit aux tripes. Une effluve d’eau croupie et d’acide venait leur piquer le nez à en pleurer. La seconde chose surprenante était la température, il ne faisait pas froid, l’air était même par moment suffocant. 

Les égouts étaient lumineux, fait curieux encore une fois. Tous les tunnels étaient éclairés par des lampes. Sous les rues de Paris, des plaques similaires à la surface indiquaient l’endroit où se situait le couloir. Quelques fois on trouvait d’énormes tuyaux d’acier, à d'autres des fils électriques pendouillaient, parfois on avait les pieds dans l’eau. Dans ce cas-là, Gontran n’était pas rassuré, non pas qu’il ait peur des rats, car depuis le début de leur « promenade » il en avait déjà croisé d’innombrables, mais s’est que lui revenait à l’esprit toutes les histoires saugrenues de sa prime enfance avec des serpents et des crocodiles que l’on aurait trouvés parmi les dédales des égouts parisiens. Et des araignées... Tiens, peut-être que celles de la voiture venaient de là... Et puis, autant dire adieu à ses mocassins. Ce n’est pas le fait qu’ils soient neufs, car ils avaient au contraire déjà bien vécu, mais il se sentait bien dedans et Gontran aimait être à l’aise dans ses pompes. 

Cela faisait au moins dix bonnes minutes qu’ils avançaient dans ce paysage gris qui n'avait vraiment rien de plaisant, et ils n’avaient encore rien trouvé si ce n’est l’accoutumance à l’odeur. Mais parfois, au détour d’un couloir, des relents d’ammoniaques se faisaient sentir. 

Rien, rien, rien, il n’y a rien ici. « Bon sang, nous avons sûrement loupé quelque chose, un truc, des signes, on tourne en rond là ! ». Gontran commençait vraiment à s’impatienter, mais surtout il avait les chaussures noyés dans une sorte de boue grise, lui qui prenait toujours un grand soin de ses pieds, imaginer ses orteils coincés dans une viscosité pleine de microbes en tout genre le répugnait au plus haut point. 

« On a loupé un couloir, c’n’est pas possible ! Ils nous ont dit que nous devrions trouver des étoiles sur les murs, c’est mon cerveau qui commence à en voir avec cette odeur ! Mes yeux n'observent plus rien eux tellement ça pique… Putain, mais ça pue ici, on est imprégné de la racine des cheveux jusqu’aux pieds. Je suis sûr que nos tripes sentent la javel croupie !! Allez, on fait demi-tour et on cherche ces étoiles de merde ! Franchement, ras le pompon de cette enquête !! »
Dixi -03/10/2016

Un grand bruit se fit entendre
« - qu’est-ce que c’est ?
- Le métro commissaire répondit Sylvain
- Non, c’est autre chose, ça venait de par là… »

Gontran prit un autre tunnel où cette fois il avait les pieds au sec. L’air était un peu plus respirable et les lieux semblaient plus « propres » comme s’ils étaient entretenus régulièrement. Le commissaire s’arrêta et fit signe à ses hommes de faire silence. Ils ne restèrent pas figés longtemps lorsque de nouveau un grand bruit résonna.

« - ça vient de là haut chuchota le commissaire
- On dirait que l’on se bat répondit Flavie
- Je le pense aussi, chut, écoutez… »

Effectivement, on pouvait percevoir des voix entre des grincements de meubles et des bruits de pas. Parfois des choses tombaient sur le sol.

« - Ça se passe juste au-dessus, il doit y avoir une trappe quelque part…
- Là dit Doug ! Un peu fort ce qui énerva le commissaire 
- Allons-y, et en silence dit-il à son encontre »

Ils avancèrent doucement, le commissaire s’apprêta à monter à l’échelle de meunier accrochée au mur lorsqu’un policier l’arrêta :
«- Nous pénétrons en premier, on ne sait jamais…
- Pour que vous tiriez partout ! Non, je veux d’abord voir ce qui se passe là haut… » 

Gontran reprit son ascension à pas de velours. Au moment d’ouvrir la trappe, il fut pris d'un doute – qu’allait-il trouver au-dessus, et où se situait la plaque par rapport à la scène… il la souleva doucement et hésita avant de passer la tête. 

Il y avait là une femme, assez âgée, un vieil homme et semble-t-il, son garde du corps qui était inerte à terre. La furie avait pris sa chaise et en donnait des coups avec rage sur le vieillard. 

Il s’apprêtait à mettre fin à ce carnage quand un troisième individu arriva. Il le reconnut sans peine, c’était Nino Martin. 

Nino attrapa immédiatement le bras de la démone et lui arracha la chaise des mains. 

« - Arrêtez vous allez le tuer !
- C’est le but, laissez-moi l’achever ce vieux con
- Non vous n'achèverez personne dit-il en la poussant violemment contre le mur »

Nino regarda son père dans les yeux, se mit à genoux, et s’approcha doucement. Il le retourna afin qu’il soit dans une position plus confortable, prit sa tête dans une de ses mains et lui murmura :

« - Que signifie tout ça ? »

En bas, ça s’impatientait, le commissaire fit signe de ne pas bouger et surtout de ne pas faire de bruit, car il sentait bien que ce moment était crucial et que sans effort, il pourrait enfin avoir le fin mot de cette affaire. Il resta à son poste sans sourciller et regarda la scène sans en louper une miette.
Pomme à l’eau – 05/10/2016

Moretti voulait parler, mais sa voix était faible et tremblante.

« - J’ai vu ta mère… elle est en vie…
- Non père, elle est morte… Qui était la fille que tu as tuée à la boulangerie ?
- Je n’ai tué personne… C’est la… bague…
- Mais c’est quoi cette chevalière ? Père !! 

Il tenta de réveiller Moretti qui allait sombrer dans un sommeil qu’il pensa éternel. Puis il rouvrit les yeux, regarda son fils et dit dans un dernier souffle : « C’est la bague de Mara… »

Et ce fut le silence, un souffle religieux de quelques secondes qui sembla s’être installé comme un arrêt sur le temps.

Pris au dépourvu, Gontran décida de lancer l’assaut sans attendre que Nino ne reprenne ses esprits. Stupéfait et sans défense, il se laissa passer les menottes sans faire de geste, son père, venait de mourir dans ses bras sans d’autres explications qu’un prénom. Nino était démuni de toute émotion, il en avait subi tellement au cours de cette journée que ce dernier choc troubla toutes ses pensées, son esprit était vide, il s’était soumis sans rien dire. Adviendra que pourra…
Sophie22 – 05/10/2016

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