La chevalière des Brigades rouges

Chapitre 6

 

« - Pour résumer, Monsieur Nino Martin… Votre nom est Martin, pourtant, à en croire la scène qui s’est déroulée devant mes yeux, votre père serait Mario Moretti. Pouvez-vous m’expliquer ce fait ?

- Ma mère était enceinte lorsqu’elle a rencontré mon père. Elle avait fui l’Italie.

- Donc, votre « père », Paul Martin, aurait épousé une fille mère ?

- Respectez sa mémoire commissaire ! Ce n’était pas facile pour elle à l’époque, se retrouver enceinte d’un terroriste, dans un pays où elle ne connaissait ni la langue, ni personne… Un brave homme mon père, il a toujours été d’une grande bonté envers elle et je pense, avec le recul, que ces deux-là s’aimaient vraiment.

- Comment saviez-vous que Moretti était votre géniteur ?

- Je ne l’ai appris qu’il y a environ 2 ans, à la mort de ma mère, c’est ce moment qu’a choisi Moretti pour se présenter à moi.

- Vous l’avez pris comment ?

- Mal ! Je lui ai dit de partir. Je ne connaissais rien de lui ni des brigades rouges. Imaginez le choc !

- Mais là-haut, vous aviez l’air de bien vous entendre ?

- Peu après ma rencontre avec Moretti, j’ai connu Julienne, elle s’est très vite installée chez moi. Je ne lui ai jamais rien dit à ce sujet, mais c’est comme si elle savait que j’avais besoin d’une bulle d’oxygène, elle m’a aidé à respirer.

- Oui, c’est bien joli tout ça, mais elle est où votre Julienne ?

- Je ne sais pas.

- Vous ne savez pas ? Vous étiez pourtant tous les deux toute la matinée à tenter de nous échapper…

- Oui, mais l’on s’est disputé et elle est partie de son côté.

- L’objet de votre dispute ?

- Elle voulait se rendre à la police.

- Et pas vous ?

- Non, je voulais d’abord savoir si Moretti avait tué la femme que l’on a retrouvée à la boulangerie.

- Dans les égouts, Moretti dit avoir vu votre mère…

- Ma mère est morte, il était vieux et n’avait plus toute sa tête.

- Et cette bague dont il a parlé, qu’est-ce que c’est ?

- C’est une chevalière qu’il lui avait donnée quand elle était jeune. Je la gardais chez moi, dans une boîte depuis la mort de ma mère… Enfin c’est ce que je croyais…

- Comment ça ? expliquez-vous ?

- Elle n’est plus dans sa boîte. Elle a disparu.

- Vous savez où ?

- Non ! Puisque je vous dis que je pensais qu’elle était chez moi !

- Pourquoi rejette-t-il la faute sur cette bague alors ?

- Je ne sais pas. Je vous dis que c’était un vieux fou.

- Qui est Mara ?

- Aucune idée.

- Vous ne nous aidez pas beaucoup. J’espère que tout ce que vous nous racontez est la vérité, car vous êtes tout de même dans une mauvaise posture… Moretti était en fuite, vous l’avez aidé à se cacher, tout du moins vous n’avez pas cherché à le remettre la police, le niez-vous ?

- Il était en fuite ?

- Là, vous me prenez pour un lapin de trois semaines monsieur Martin, vous n’allez tout de même pas me faire croire que vous ne saviez pas que votre père s’était échappé de la prison où il était incarcéré depuis 35 ans ?

- Je n’ai rien entendu, on n’en a pas parlé dans les journaux ni à la télé ?

- Stoppez ça tout de suite, vous n’êtes pas crédible. De plus, ceci sème un doute dans tous vos propos, je serais vous, j’avouerai avoir soutenu mon père, votre peine n’en sera que plus légère. Pour le moment, je vous arrête pour aide à un malfaiteur en attendant de savoir si vous avez quelque chose à voir avec le meurtre de cette pauvre fille. D’ailleurs, vous la connaissez peut-être ?

- Pour le coup, je n’en sais rien… Vous avez bien entendu là bas, dans les égouts ! »  Dixi – 07/10/2016

« - Flavie ! cria Gontran. Ramenez-moi Monsieur Martin en cellule et faites venir Madame Apfelglück.

- Bien commissaire. »

Le commissaire se dit qu’il aurait plus de chance avec cette dame, sans doute témoin de la scène du crime…

« Bonjour Madame Apfelglück, vous sentez-vous bien ? Vous a-t-on bien soignée ? »

Elle regarda Gontran l’air complètement abruti, elle ne semblait pas s’être remise totalement de ses aventures.

« - J’ai peur, Monsieur, j’ai peur…
- De quoi avez-vous peur ?
De l’homme qui a tué la jeune femme… À quoi ressemblait-il ?
- Il était tout fin et plutôt jeune et l’autre était beaucoup plus vieux.
- Il y avait deux hommes ?
- Oui, le jeune nous a braqués, mon mari et moi et l’autre, pendant ce temps… »

Un sanglot resta coincé dans sa gorge, son regard semblait loin, comme si elle revivait la scène. Madame Apfelglück eu un frisson, Gontran lui passa sa veste, pour la réchauffer, s’accroupit face à elle et se mis à lui frotter doucement le bras. Il lui parla tout bas :

« - Vous êtes en sécurité avec nous, racontez-nous la suite…

- J’ai vu cette femme, allongée par terre. L’autre type, le plus âgé accrochait une corde à la poutre. J’ai cru qu’il allait me pendre ou mon mari…

Elle prononça cette dernière phrase en s’écroulant en sanglots…

- Il est où mon mari ? Ils l’on pendu ?

- Non, nous l’avons aperçu ce matin, bien en vie. Mais est-ce à dire que vous n’avez pas vu la suite de la scène ?

- Non, je me suis évanouie et puis réveillée dans les égouts. Je peux voir mon mari, dit-elle, le regard suppliant et plein de larmes.

- Nous le cherchons, il a disparu. Il faudrait que vous nous fassiez la liste de vos amis ou de votre famille chez qui il aurait pu se rendre pour se cacher. Nous imaginons qu’il est comme vous, qu’il a peur.

- Je vais le faire, tout de suite.

- Une dernière question : que pensez-vous que ces deux hommes cherchaient ?

- Il en voulait après ma bague.

- Une chevalière ? Avec une étoile dessus ?

- Oui, c’est ça, vous la connaissez ?

- On en a beaucoup entendu parler au cours de cette enquête. Qui vous l’a donnée ?

- C’est mon mari qui me l’a offerte, il m’a dit que c’était la bague de sa mère et qu’elle devait me revenir… »

Gontran sorti de son bureau, quelque chose ne collait pas… Cette bague semblait être la clé de tout ce mystère. La dernière phrase de la boulangère supposait que Monsieur Apfelglück n’était pas si innocent dans cette histoire. Il appela Flavie :

« - Flavie, il me faut tout savoir sur la vie, les origines, la famille, les voyages effectués enfin tout sur ces trois personnes : Nino Martin, Braden Apfelglück, et Julienne France. Et essayez de voir qui est cette Mara…

- Nous avons déjà cherché, nous pensons qu’il s’agit de Margherita Cagol, la compagne de Renato Curcio. À en croire son histoire, ce n’était pas une tendre celle-ci.

- « N’était », elle est morte ?

- Oui, le 5 juin 1975. Elle a été tuée par la police. Il paraît qu’ils l’on mise en pièce façon « pâtée pour chien » si vous voyez ce que je veux dire…

- Oui, oui, très bien. Poursuivez aussi de ce côté-là, nous allons peut-être trouver quelque chose… Merci Flavie, c’est super ! »

Un compliment de la part de son chef, Flavie n’en revenait pas. Ceci lui donna plus d’entrain. Contrairement à Gontran, elle aimait cette enquête, pleine de rebondissements. Flavie adorait les choses complexes, chercher la petite bête, fouiner dans les archives. Là, elle était servie, et elle flairait le gros coup, la petite histoire dans la grande Histoire. Oui, ce crime la passionnait.
Céline - 07/10/2016

Dans ce parc, près du Père-Lachaise, Braden Apfelglück, se demandait ce qu’il devait faire, cela devenait compliqué. Retourner sur ses pas, essayer de retrouver Suzy, mais où la chercher ? Aller à la police, mais va-t-elle me croire ? Je vais finir en taule, je suis hollandais, je vais avoir les pires ennuis, ou alors je pourrais aller retrouver Giovanni. Je l’ai bien aidé, il y a quelques années, il ne savait pas bien parler français : les papiers à remplir et obtenir un emprunt s’était compliqué pour un étranger.

Puis il pensa à la chevalière.

Elle ne lui avait apporté que malheur, et c’est sa Susy qui en subit les conséquences. Il se mit à pleurer doucement, caché par les branches du saule… Cloclo – 08/10/2016

Un compliment de la part du commissaire, et Flavie avait l’impression d’être sur un nuage .Elle commença par ouvrir le dossier de Nino, et tout à coup elle repensa à la jeune femme envoyée à l’hôpital ce matin. Elle prit son arme et son sac et entrebâilla la porte du commissaire :

« - Je me rends à la Pitié pour interroger la femme qui a volé la voiture de Nino Martin.

- Attendez… je… Commença Gontran.
- Non, non, il faudrait savoir si Mme Apfelglück reconnaît les deux lascars que nous avons arrêtés. » lui répondit-elle.

Arrivée à l’accueil de l’hôpital, Flavie demanda la chambre de la patiente menottée du matin. Une infirmière l’accompagna auprès du médecin qui la renseigna sur la victime.
« Accidentée ? plutôt voleuse de voiture ! » fit remarquer Flavie

Le médecin répondit : « une cheville foulée, et de nombreuses contusions sur le corps. Cette femme a subi un traumatisme psychique important, c’est beaucoup plus qu’un vol de véhicule. Elle est réveillée, et nous attendons le psychiatre : nous lisons de la peur dans ses yeux ! Il est trop tôt pour l’interroger, nous n’avons pu apprendre que son prénom "Gaëlle" et dans son sommeil elle en avait après une certaine Julienne… Boulangère il me semble…

« Ah rétorqua Flavie, c’est donc un maillon de plus dans l’affaire que nous traitons en ce moment. Pourriez-vous nous prévenir lorsqu’elle pourra répondre à nos questions, il faudrait également la faire protéger... Je m’en occupe. Merci Docteur. »

Flavie repartit …

Elle était loin de se douter de ce qui l’attendait au commissariat. Dès qu’elle eut franchi l’entrée, elle se rendit compte que quelque chose n’allait pas. Aucun collègue ne lui lança « hello ! » Au contraire ceux-ci faisaient mine d’être occupés. 

Arrivée devant le bureau de Gontran, elle n’eut pas la possibilité de frapper à la porte, elle se sentit happée par le bras :

« - Aie vous me faites mal ! » Elle l'envoya sans ménagement contre son bureau, il s’agrippa à celui-ci et serra les dents, afin de se maîtriser, pour ne pas rendre à sa subordonnée coup pour coup.

Il hurla :

 - Vous êtes malade ! Et qu’est-ce qui vous a pris de vous rendre seule interroger un suspect alors que je vous disais d’attendre. C’est une faute grave…

- Mais vous m’aviez demandé…

- Rien du tout… et cela a été inutile, il suffisait téléphoner pour savoir si elle était en état de répondre à nos questions…

- J’ai quand même appris que…

- Arrêtez de m’interrompre hurla-t-il, d’ailleurs je vous ai assez vu, allez faire ce que je vous ai demandé, avant que je me ravise, et que je vous donne de la mise à pied. 

- Non c’est moi qui m’en vais, loin de votre vue !

- Virez de là ! »

Tous les deux étaient furax. Flavie entra dans le bureau attenant à celui du commissaire, et alla s’asseoir à sa place en ayant auparavant lancé : « aucun commentaire ! » à l’adresse de ses collègues. Elle ouvrit le dossier Nino Martin et se mit à rechercher des détails qui leur auraient échappés :

Un : A-t-il de la famille ici, en France ? Elle se plongea dans sa documentation … Cloclo – 20/10/2016

Flavie tentait de se concentrer mais n'arrivait pas à effacer de sa mémoire l'altercation qu'elle avait eue avec Gontran. « Non, mais pour qui il se prend ? «  Finit-elle par lancer d'un chuchotement. 

Pour se détendre, elle alla à la machine à café, se fit un double expresso, et, faisant comme si de rien n'était, retourna s'asseoir à son bureau. Elle se massa les tempes et les cervicales, puis se remit au travail. 

« Bon... Profil sur les réseaux sociaux inexistant, pas de casier judiciaire... Qui es-tu Nino Martin ? ». Il faudrait que je demande à Gontran pour avoir ses relevés bancaires, mais aucune envie de lui parler... 

Elle ferma les yeux quelques secondes, se laissant aller à la méditation, chose apprise à son cours de yoga. Elle imagina un lac, au printemps, une eau cristalline, des pins tout autour, un parfum d'herbe coupée et un vent léger dans ses cheveux. Il y avait un petit chalet en bois, avec un intérieur douillet permettant le repos, une bonne tasse de café... 

« Oh zut mon expresso !!! Il va être froid ! »

Au moment où elle sursauta, elle s'aperçut que Doug l'observait au coin de la porte... 
« Tiens donc, le plus stupide de la brigade qui regarde sans mon bureau ! Que me veut-il cet imbécile ? »

Il faut dire que l'entente entre Flavie et Doug n'a jamais été au beau fixe. Elle, dynamique, compétente et ambitieuse, lui, lymphatique, inadapté et aimant la routine. 

Au moment où Doug se rendit compte qu'il était pris "en flagrant délit", il tourna la tête précipitamment. 

« Il a donc quelque chose à se reprocher... » se dit Flavie.
Émilie Y – 29/10/2016

«Vraiment froid ce café… Pas bon… Pouah… » Elle continua ses commentaires, sans s'occuper de Doug.

Voyons du côté des parents : Père français, Martin Fils unique, élevé dans la rue, pas de casier, a reconnu Gino comme son fils « certainement payé par Moretti, » se dit-elle, a vécu avec eux jusqu'à leur décès. Rien de rien sur leur vie en France.

Pas de baptême pour Gino, donc pas de parrain, des copains d’école, oui, mais cela s’arrête là !

Ah ! Un gendarme les a interpellés plusieurs fois les voyant entrer dans une cave privée. Dans ce fameux souterrain donc déjà connu par Gino, enfant. À cette époque c’était seulement pour jouer à cache-cache dirent-ils aux gendarmes. 

Puis Julienne sa petite amie. Mais où a-t-il bien pu la laisser ?

Au boulot : Magasinier dans une grande surface. Tiens, tiens…Monsieur a démissionné. Donc sans emploi…Toi mon lascar, t’es pas clair ! Il faut le remettre sur le grill… Qu’est-ce que je fais ? Il faut que je passe par « Monsieur Gontran »...

Elle en était là de ses réflexions quand celui-ci entra dans le bureau…

« Un appel téléphonique : Apfelglück errant, entre les tombes, au Père-Lachaise, vient d’être intercepté par la police du coin, j’envoie Doug et Sylvain le chercher »

Aucune réponse de la part de Flavie.

« Bon lorsque vous aurez fini de bouder, on pourra continuer. Je vais réinterroger Monsieur  Martin ! Vous me secondez ? »

Aucune réponse… Il tourna les talons avec un rrrhhhh… Tête de mule… Il était prêt à partir, quand le crissement d’une chaise, que l’on pousse, puis un bruit de pas, le fit sourire. Il s’effaça pour la laisser passer et toujours sans un mot.

Mais l’on pouvait deviner la penser de Flavie « Attend, mon lascar, tu ne perds rien pour attendre ! »

« - Monsieur Martin vos réponses de tout à l’heure ne nous conviennent pas. Alors il va falloir faire un effort, et tout de suite ?

- Vous avez été interpellé, plusieurs fois, par la gendarmerie, lorsqu’enfants, avec vos copains, vous jouiez dans la cave privée. Donc vous connaissiez bien cet endroit ? Commença Flavie

- Oui bien sûr ! répondit Nino, c’était un lieu fantastique pour nous, mais nous allions jamais très loin, il y faisait très noir.

- Le nom des copains ? dit Gontran.

- Je les ai perdus de vue.

- Et ceux d’aujourd’hui ?

- J’n’en ai pas besoin, avec un père comme le mien, je préfère ne pas en avoir !

- Et Julienne ? Où l’avez-vous laissé ? Renchérit Flavie 

- Julienne c’est ce qui m’est arrivé de mieux. Je les laissé chez un ami !

- Son nom ?

- Je ne peux rien dire, car la vie de Julienne est en jeu.

- Non, non, pas de cela avec nous. C’est en ce moment que sa vie est en danger ! Si je comprends bien, elle est kidnappée par cet « ami »! Vous n’allez pas me dire qu’elle n’est pas en péril ? Cet « ami » est un disciple de Moretti n’est-ce pas ? Son nom vite ! Il faut l’enlever d’avec ce gars ! Tonna le commissaire.

- C’est trop dangereux ! 

- Ah oui ! Les hommes… D’abord, vous démissionnez de votre travail, vous êtes prêt à prendre la mer, en laissant tout derrière vous, là « Julienne » rien à faire d’elle. C’est cela la protéger ? S’énerva Flavie

Dans un murmure presque inaudible

- Giovanni Senzani.

- Son adresse ?

Après leur avoir transmis les renseignements, Nino prit sa tête entre ses mains, et gémit :

- Qu’est-ce que j’ai fait ?

Et à l’adresse du commissaire :

- Faites attention il a récupéré la chevalière que Moretti avait donnée à ma mère. Elle a un pouvoir surnaturel !

- Balivernes lui répondit Gontran »  Cloclo – 06/11/2016

Le commissaire allait prendre sa veste, faisant ce geste, son regard se porta sur le tableau noir où étaient épinglées photos et notes sur le crime. 

Quelque chose le chiffonna...

« - Vite commissaire, on n’a pas le temps là !
- Un instant Flavie, juste un instant »

Il avait prononcé ces mots sur un ton monocorde, très doux, ce qui révéla à Flavie que Gontran était en passe de trouver un élément d’enquête important. Elle s’approcha de lui et se posta à ses côtés, fixant elle aussi tous ces bouts de papier scotchés sans logique sur le bois.

Le temps sembla bien long lorsque soudain :

« - Là ! Le commissaire avait hurlé cette syllabe en montrant le nom de Julienne du doigt :  France ! Julienne France !!

- Et donc… dit Flavie dubitative tendant l’oreille vers Gontran en ne lâchant pas le tableau du regard

- Là ! Le doigt du commissaire désigna maintenant le portrait d’un homme récupéré sur Internet qui était l’un des fondateurs des brigades rouges. 

Flavie lut : « Cagolet Alberto Franceschini »

- France – Franceschini !! Trio infernal avec Renato Curcio et Mara. Mara, la femme de Renato à qui appartient la bague.

- La bague de quoi ? Dit Flavie

- Et bien celle-ci, dit-il en montrant la photographie de Morreti et de la petite fille. Non, mais vous ne suivez rien vous. Martin vient de vous en parler pendant une heure !! Julienne France est la fille d’Alberto Franceschini et elle nous a fait tout ce foin pour récupérer la bague de Mara. Allez hop, on y va, vous attendez quoi ! »

Flavie trouva le commissaire gonflé, mais tellement intelligent et perspicace, c’était son héros et elle lui pardonnait tout.

***

Giovanni avait sorti Julienne de sa chambre, ils étaient assis tous les deux face à face sur les fauteuils du petit salon avec devant eux, sur la table basse, la bague de Mara.

« - Bon, maintenant on fait quoi dit Giovanni.

- Laisse-moi réfléchir… Nino ne se doute de rien quant à la police je ne sais pas où ils en sont dans leur enquête, mais il faut s’attendre qu’ils débarquent d’un moment à l’autre ici. Je suis sûre que ce couillon s’est fait prendre ou pire, il s'est rendu directement au commissariat. Ça craint putain !

- Il faut partir alors ?

- Abruti, et on va où ?

- J'sais pas…

- Tête de nœud va ! « L’amore dans la baignoire… ». Je t’en foutrais moi !! Bon, de toute façon, tu as raison, il faut qu’on se carapate de là. Vache, elle est longue cette journée ! »

Julienne entra dans un jean noir, un pull et un blouson sombre, mit la bague dans sa poche, quelques économies qui traînaient dans l’appart, un pistolet et enfila une casquette sur la tête. Elle conseilla à Giovanni de faire de même.

« - Bon, maintenant, retourne dans les égouts, mais dans l’aile ouest, et fait gaffe, il doit y avoir des flics partout, passe par l’entrée par le bar « chez Gionno », retrouve Augustin et partez tous les deux, mais pas avec la deudeuche, roulez en C3. On se rejoint à Viry, je vais prendre le RER, ça devrait aller. »
Sophie22 – 15/11/2016

Le commissaire et Flavie, escortés d’un car de police, arrivèrent près de l’adresse indiquée par Nino.

« Il me semble reconnaître la 2 CV !  S’exclama Flavie, oui c’est elle ! Elle était devant la boulangerie, une deux-chevaux, cela se remarque » affirma-t-elle.

Gontran se gara, suivi de l'estafette. Ordre avait été donné de ne pas mettre les sirènes ; dans ce quartier chinois, il fallait y aller discrètement de peur de voir les portes se fermer très rapidement.

Aussitôt Gontran ordonna par gestes le placement des policiers, deux aux aguets, non loin de la voiture, les autres à la suite de Gontran et Flavie en direction de l'immeuble délabré. Il toqua à la porte de Giovanni, avec un ton tonitruant « Police, ouvrez ! »

Aucun bruit ne se faisait entendre derrière la porte. Que se passait-il ?

Au policier derrière lui il ordonna de l'enfoncer. Une vieille porte qui tenait par miracle sur ses gonds, mais qui malgré l'usure, s'accrochait au mur, car il fallut un pied de biche pour l’ouvrir. Une fois à l’intérieur, ils se rendirent à l’évidence : le lascar avait fait la belle.

Le commissaire entra dans une rage folle, il donna un coup de pied sur la table basse du salon.

« - Pourquoi faut-il que vous, les hommes, vous vous distinguiez avec vos poings ou vos pieds ? Cela sert à quoi ? Nous femmes, on préfère se mesurer avec un vis-à-vis, cela évite de boiter commenta Flavie, tout en fouillant un peu partout.

- Je vous dispense de vos comment … 

- Ils ne sont pas partis depuis longtemps, le coupa Flavie, les tasses sont encore chaudes… Je doute que la femme soit prisonnière. L’armoire est trop bien rangée, je pense même qu’elle devait vivre ici, il y a beaucoup de linge féminin, pour un célibataire. Cela ne colle pas avec les dires de Nino,

- Commissaire…interpella un policier, venez voir…..

- Qui y a-t ‘il ? Ludo

- Nous avons trouvé un coffre dans la cuisine, derrière le micro-onde cette pierre le cachait.

- Il nous faut un spécialiste, pour l’ouvrir. Je vous en charge Ludo ! 

- Je pense qu’ils se sont enfuis dans le souterrain, dit Flavie il y a une trace de lampe ici, indiqua-t-elle en tendant le doigt, et il reste un gant féminin sans doute, oublié dans la fuite.

- Bon, les égouts sont gardés. Y aurait-il un autre passage ? Avertissons les collègues ! Le commissaire ne tenait plus en place, l’étau se resserrait, Flavie nous y allons ? cria-t-il avec excitation. » Cloclo – 26/11/2016

***

Julienne atteignit le hall d’entrée du 12 rue du Faubourg Poissonnière. 

Elle pénétra dans les bâtiments d’un grossiste de vêtements. Personne n’eut l’air surpris de la voir. Elle prit l’ascenseur jusqu’au 5e. Porte de droite, elle tapa le code de l'interphone. Julienne entra et longea le couloir. 

Au bout du couloir, qui faisait communiquer une dizaine de bureaux, il n’y avait rien d’autre qu’un mur. Elle s’y posta un instant, droite comme un « i ». 

L’attente ne se fit pas longue avant que la paroi ne coulissa vers la gauche laissant une entrée béante sur une grande salle où une vingtaine de personnes étaient postées devant autant d’ordinateurs. Un écran géant surplombait le tout sur lequel étaient projetées des images provenant de caméras situées dans les rues parisiennes.

« - Agent Franceschini, on ne vous attendait pas si tôt ?!

- Un léger contretemps Général

- Rien de fâcheux j’espère ?

- Il se peut que ma couverture en prenne un coup, mais rien d’encore de contrariant.

- D’encore…

- Il ne faudrait pas tarder à inhumer le corps de Mara, l’essence de confusion dont nous avons badigeonné son cadavre va perdre son effet et ce serait bien regrettable.

- Regrettable dites-vous ? Ce serait bien pire. Nous allons faire en sorte que les légistes donnent leur rapport immédiatement à ce petit commissaire qui vous cause temps de problèmes. Mais dites-moi, agent Franceschini, avez-vous la chevalière ?

Julienne sortit la bague de sa poche et l’approcha tel un trophée du regard du général Declerc. 

- Voici Général, mon sésame…

- Bien, bien, montrez…

Julienne ferma la chevalière en son poing.

- Suis-je libre maintenant ?

- Lorsque l’enquête du Commissaire sera achevée, vous allez être mise en cause, il sera difficile pour nous de vous couvrir…

- Vous me lâchez !! cria Julienne, mais je n’y suis pour rien dans ce meurtre !

- Je le sais, vous le savez, mais ce ne sera bientôt plus l’avis des autorités. Et nous ne pouvons pas prendre le risque d’être démasqués. Cela serait du plus mauvais effet dans les hautes sphères : les services secrets qui zigouillent des terroristes pour une malheureuse bague.

- Mais justement, ce sont des terroristes et ce n’est pas une malheureuse bague ! Elle renferme des informations, des secrets d’État !

- Les secrets d’État sont comme leur nom l’indique agent Franceschini, des secrets qui doivent rester à l'État.

- Et Nino Martin, que va-t-il lui arriver ?

- Les dommages collatéraux ne sont absolument pas notre problème, il est insignifiant pour nous. Maintenant que nous avons la bague et que vous vous êtes fait repérer, tout ce que nous pouvons faire pour vous est de vous trouver une nouvelle vie à vivre ailleurs, loin. Une autre mission peut-être puisque vous n’avez échoué qu’à moitié. Dit-il en jetant un coup de menton vers le point fermé de Julienne.

- Je ne vous donnerai cette chevalière qu’en échange d’une existence décente pour Nino et pour moi, puisque je ne peux a priori pas vous demander de nous laver de tout soupçon.

- Une nouvelle vie pour vous, c’est tout ce que l’état vous octroiera, charge à vous d’y emmener votre Nino si vous souhaitez prendre le risque de vous faire attraper, c’est votre problème. Mais nous nierons toute participation à cette histoire, vous êtes seule.

- Pourquoi une telle disgrâce ? Je vous ai donné 10 ans de ma vie, je vous ai toujours bien servie, j’ai invariablement été aux ordres pour la France.

- Non Agent Franceschini, ce n’est pas pour la France que vous l’avez fait, mais pour avoir des réponses à vos questions concernant vos parents, des explications que vous serrez au creux de votre main, mais que vous allez devoir me remettre immédiatement !

Julienne le vit venir, elle s’accroupit, prit l’arme à feu qu’elle tenait à l’arrière de son pantalon, passa derrière le général par une pirouette et lui bloqua le coup, sa joue contre la sienne et son pistolet sur sa tempe.

- Vous allez m’aider à sortir d’ici Général puisque je ne peux rien attendre de vous.

- Vous avez déjà toutes les polices de Paris à vos trousses, vous souhaitez réellement avoir l’armée en plus ?

- Perdu pour perdu… dit-elle en appuyant son arme un peu plus fort sur le crane de Declerc. »

Puis elle avança d’un pas assuré et déterminé dans la salle. Elle attendit que la cloison s’ouvre sur les ordres du Général, longea le couloir et repoussa Declerc d’où ils venaient juste avant que le mur ne se referme aussitôt. Julienne se mit à courir, dévala les escaliers quatre à quatre, sortie de la petite cour par le porche principal. À perdre haleine elle passa entre les voitures jusqu’au boulevard Poissonnière, le traversa sans prêter attention à la circulation et s’engouffra dans les sous-sols du grand Rex en priant très fort qu’ils n’aient pas eu le temps de la suivre ni même de la voir sur les caméras. Mais elle ne se faisait pas trop d’illusion, ils ne tarderaient pas à visionner les images.

Accroupie dans une cave, elle tenta de reprendre ses esprits. Elle était maintenant vraiment seule, avec juste une arme, une bague et… et de l’essence de confusion ! 

Cette essence était un fort produit radioactif duquel émanaient des ondes qui brouillaient tous les instruments électroniques, mais aussi une partie du cortex cérébral. L’utiliser sur un cadavre n’était plus dangereux pour le pauvre corps, mais sur elle… Elle en avait déjà suffisamment usé pour se faire passer pour la boulangère et la mère de Nino… Mais avait-elle le choix ?
Evol – 30/11/2016

Oui Julienne était vraiment seule. Elle se releva, se glissa le long du mur en évitant la lumière.
Je ne peux pas rejoindre Giovanni, je suis sûre que le Général l’a déjà dans ses filets.

Elle décida alors de s'engouffrer dans les égouts. Elle connaissait parfaitement les sous-sols parisiens. Longeant les couloirs sous-terrain du Grand Rex, elle parvint jusqu’à une porte dérobée donnant aux sous-terrains.

Que faire ? Il lui fallait absolument retrouver Nino. La dernière fois qu’elle le vit, il était question qu’il se rende au quartier général des Brigades, soit, sur l’étoile où elle avait rencontré, l'unique moment de sa vie, ce matin, le mythique Mario Moretti.

Elle avança donc, dans les dédales puants des égouts parisiens…

Puis elle s’arrêta net. Des voix lui parvinrent :
« - Fais attention !
- Chutt …. ». Puis ce fut le silence complet. »

Elle reconnut Giovanni. Au commandement sec de celui-ci, elle en conclut qu’il était le chef de la petite troupe qui l’accompagna. Tous étaient en tenue militaire. « Le traître », c’est un homme du Général, lui aussi ! Elle se cacha derrière un long tuyau et resta tapie sans plus bouger, évitant par moment de respirer.

Un second groupe d’individus arriva par l’autre côté… « Il va y avoir de l’animation » pensa-t-elle… 

C’était la police qui avait eu la même idée.

Julienne réfléchit un instant, valait-il mieux se retrouver devant la flicaille que devant le général ? Elle n’eut pas longtemps à attendre.

Après s’être renseigné sur les caves qui pouvaient se trouver le plus près possible du lieu où il découvrit Moretti, le commissaire déploya des hommes un peu partout dans ce méandre enseveli parisien, afin d’en finir au plus vite avec ce gang des brigades rouges. 

Les caves étaient immenses, ils traversèrent plusieurs salles et atteignirent une partie plus sombre.

« - Ça commence à sentir mauvais par ici ! Murmura Flavie, sale, même très crasseux continua-t-elle avant de se retrouver devant le gros tuyau sur lequel se reflétait une ombre, une forme qui semblait bouger, elle resta un moment immobile, puis donna un grand coup de coude dans les côtes du commissaire qui se trouvait à côté d’elle. À ce contact il fit un écart et trébucha sur un morceau de bois avant de s’étaler sur quelque chose qui se mit à crier.

- Flavie !? Hurla Gontran… Mais qu’est-ce qui vous prend !?

- Eh ben quoi ? Vous êtes en bonne compagnie ! Regardez qui vous avez dans vos bras ! Cloclo – 11/12/2016

- Arrêtez-là !!! brailla le commissaire à bout de nerfs. »

Ce hurlement avait alerté Giovani qui envoya un de ses hommes en éclaireur…

« - Ils ont arrêté l’agent Franceschini, mon lieutenant 
- Peste ! Elle nous a bien eus. Ce n’est pas grave, nous irons la cueillir au commissariat, ne restons pas là. »

Mais en rebroussant chemin, ils se trouvèrent nez à nez avec une brigade du GIGN appelée en renfort par Gontran

Le commissaire entendit dans son oreillette : 

« - Nous avons arrêté d’autres suspects armés.
- Combien sont-ils ? 
- 5 commissaires, nous les gardons en joue, mais ne savons pas vraiment si nous en avons le droit…
- Comment ça ? Ils sont armés, ne vous posez même pas la question !
- Ce sont des militaires.
- ??? »

« Emmenez-moi la suspecte hors de la vue de l’armée, retournez sur vos pas et gardez là au secret au commissariat. Vous avez raison Flavie, ça ne sent vraiment pas bon… »

Gontran parti rejoindre la troupe du GIGN et effectivement, 5 militaires dont un gradé traînaient dans les égouts. Ce ne pouvait pas être une coïncidence. Si l’armée était mêlée à tout cela, la difficulté de l’affaire s’expliquait, mais il voyait qu’on allait lui en donner congé et ça, même si cette enquête lui pesait au plus haut point, il ne pouvait l’accepter. Il avait un témoin de taille et il était hors de question de la leur remettre. Il se ferait un point d’honneur à élucider cette histoire quoiqu’il doive lui en coûter. 

Et effectivement, il dut relâcher tout le monde, le lieutenant lui ayant expliqué que ce meurtre était affaire d’État et qu’il valait mieux qu’il laissa faire l’armée. Gontran, dépossédé de ce qui le tenait en haleine depuis le matin se résout à renvoyer tout le monde en surface pour voir si l’air y serait plus respirable. Le lieutenant lui intima l’ordre de leur remettre l’agent France. Flavie, qui écoutait la conversation dans ses oreillettes eut un trait de génie. Elle cria « Elle s’enfuit !! Rattrapez-là !! ». À ces mots, le lieutenant Giovani, lança ses troupes dans les dédales des égouts, mais il était trop tard, le témoin était déjà en route pour passer à la question. 

De retour au commissariat c’est sans attendre qu’il rejoignit Julienne France, non dans la salle d’interrogatoire, mais dans une petite pièce qui avait le mérite d’être équipée d’une issue de secours, dans le cas où son discours n’aurait pas convaincu l’armée.

« - Mademoiselle France, nous n’avons que peu de temps devant nous, les troupes d'un certain lieutenant Giovani est vraisemblablement à vos trousses et je ne donne pas cher de votre peau dans les dix minutes à suivre. Il faut me dire la vérité.

- Où est Nino Martin ?

- Avec nous, dans la pièce d’à côté.

- Faites-le venir, si je dois m’échapper, il faut que ce soit avec lui, car il court le même danger que moi.

- Flavie, amenez Nino Martin et renforcez la sécurité du commissariat, postez des hommes, « des passants » dans toutes les rues alentour, sur les terrasses des cafés, sur les bancs, dans les pissotières et avertissez-moi du moindre mouvement. Nous n’avons pas de temps à perdre. »

Flavie s’exécuta, devina dans le ton solennel de l’inspecteur que les choses étaient graves. Un agent de police fit entrer Nino qui courut dans les bras de Julienne. 

« - Allez, mademoiselle, vous aurez bien d'autres moments pour les embrassades ensuite, ou peut-être pas. À table, je veux tout savoir.

- Je suis un agent d’état, l'agent Julienne Franceschini, j’ai été chargée par l’armée de rapporter une chevalière qui semble renfermer des secrets d’État. Après avoir longuement cherché Margherita Cagol à qui appartenait cette chevalière, il s’est avéré qu’elle ne l’avait plus et que c’était une certaine Madame Martin qui la détenait désormais. Or elle était décédée. L’armée m’a chargée d’approcher son héritier afin de tenter d’en savoir plus. Mais Nino Martin resta muet comme une tombe durant toutes ces années. 

- Tout n’était que Mensonge !! hurla Nino.

- Julienne lui jeta un coup d’œil et lui fit signe de se taire. Combien de fois j’ai nettoyé l’appartement de fond en comble sans jamais rien y trouver. L’armée se faisait de plus en plus pressante si bien qu’elle avait envisagé d’en venir aux manières fortes. Alors j’ai inventé une histoire de traversée de l’Atlantique suffisamment alléchante pour Nino afin qu’il décide de me quitter et de partir. Et c’est seulement hier soir, en allant chercher un gâteau que je reconnus la chevalière au doigt de Madame Apfleglück. Je suis rentrée à l’appartement et ai appelé immédiatement mon supérieur. Aussi je sus le lendemain qu’un meurtre avait été commis à la boulangerie.

- Connaissez-vous la victime ? Et qui l’a tuée ?? rétorqua le commissaire.

- La victime est Margherita Cagol, c’est le lieutenant Giovanni qui l’a assassiné. Il est tombé dessus lorsqu’il s’est rendu à la boulangerie. Elle aussi cherchait sa chevalière depuis toutes ces années.

- Mais comment se fait-il que Madame Apfelglük eût la bague ?

Nino prit la parole : 
- En fait, j’avais perdu une forte somme aux jeux et j’ai remboursé Monsieur Apfelglück avec la chevalière que ma mère m’avait léguée, dit Nino, les yeux embués par ce qu’il venait d’entendre.

- Non, non, ça ne va pas ! La femme que nous avons retrouvée est jeune, et Margherita Cagol doit avoir plus de 70 ans !

- Attendez encore quelques heures et le cadavre recouvrira son vrai visage, rétorqua Julienne.

Le commissaire ajouta :
- Mais où est la chevalière ?

- C’est Giovanni qui l'a en sa possession, dû moins, c'est lui qui l'avait quand je l'ai quitté tout à l'heure…

- Non, vous mentez, pourquoi l’armée serait-elle toujours à vos trousses alors qu’elle est censée avoir ce qu’elle veut ?

- Je ne sais pas… Disant cela, elle fixa Nino avec insistance. Un regard qui signifiait « Ferme-là ».

Gontran surprit ce coup d'œil et comprit tout de suite. Il ne faillait pas qu’il perde de vue ces deux-là, mais il ne pouvait pas non plus les garder au commissariat. Il fallait qu’il joue sur plusieurs tableaux : faire croire à Julienne France qu’il lui accordait du crédit afin qu’elle relâche son attention, les cacher un temps aux yeux de l’armée et voire même au regard de la police tout en gardant un œil sur eux.

Il y avait du mouvement dehors, Flavie venait d’en avertir le commissaire.

« Flavie, emmenez avec vous ces deux-là et mettez-les en lieu sûr, voire loin d’ici, dans le sud ou dans l’est, près d’une frontière. Ou non, à la montagne, dans un chalet à côté de Genève. Puis se retournant vers Julienne : Je prends un risque, un gros risque. Ne me décevez pas Mademoiselle… »

Puis, ils s'enfuirent tous les trois par la sortie de secours. Julienne pulvérisa quelques gouttes d’essence de confusions sur Flavie, Nino et elle-même. Ils marchèrent loin dans les rues de Paris jusqu'à un agent de location de voiture et partirent tous les trois vers les Alpes de Haute-Savoie. 

C’est ainsi que se termina cette folle journée, sur les petites routes de France jusqu’à apercevoir la cime du Mont Blanc.
Evol – 14/12/2016

 

FIN

 

***

 

Epilogue

 

Arrivée à Annecy Julienne desserti la chevalière et y trouva un micro film. Elle demanda ensuite à Flavie de contacter son commissaire et de lui proposer un marché : les relâcher, Nino et elle en échange du bijou.

Gontran accepta. Flavie prit la bague et retourna sur Paris laissant sur place ce couple singulier.

À Paris, ça chauffait pour le commissaire. Il dut remettre la chevalière à l’armée empreint à deux émotions. La première : la rage de s’être fait berner par Julienne France. Gontran avait lui aussi ouvert le bijou, mais n’y trouva qu’un petit mot « Avec toute ma reconnaissance ». Et en second lieu, la jubilation : il était satisfait de remettre ce bijou à l’armée, vide, et donc sans intérêt.

Un matin, quelques mois après cette affaire qui resta pour lui comme une verrue dans sa belle carrière, il découvrit dans sa boîte aux lettres un journal. Gontran ne lisait jamais les nouvelles au petit déjeuner, mais là, il se fit un café et deux biscottes au beurre et décida de regarder tout ce que le monde put faire de répugnant sur la planète. 

Un petit encart suscita sa curiosité. Il était question d’un certain Giovanni Senzani, ex-criminologue et chef des Brigades rouges après l’arrestation de Mario Moretti. Il avait opéré une scission en fondant le groupe BR - Partito della Guerriglia. Longtemps recherché, car à l’origine de l’enlèvement et de l’exécution de Roberto Peci, frère de Patrizio Peci, le premier repenti des Brigades rouges, il avait enfin été retrouvé, grâce à des renseignements qui avaient été transmis de façon anonyme aux autorités de notre beau pays. Il se trouvait que cet individu, c’était refait une vie propre et sans tâche dans l’armée française, là où personne n’aurait l’idée de l’y retrouver.

C’est la conclusion de l’article qui dérouta notre commissaire : « En qui faire confiance ? Autant chercher sa bonne étoile dans les égouts… »

Cet article était signé JF. 

Gontran faillit s’étrangler. Il s’habilla à toute allure, chaussa ses mocassins, prit les clés de sa vieille guimbarde et fila en direction des égouts. 

Sur l’étoile des Brigades rouges, un courrier lui était adressé. Il ouvrit l’enveloppe et lut ceci : 

«
Merci, grâce à vous je suis en paix avec mes vieux fantômes, avec l’armée, mais pas encore avec ma conscience. Je vous ai fait une promesse que je n’ai toujours pas tenue. Je pense qu’il n’est pas trop tard. 

Dans ce dossier vous trouverez la copie des documents enregistrés sur le microfilm. Ils ne vous serviront plus à rien, quoique… mais au moins, vous pourrez clôturer votre enquête.

Avec tous nos bons souvenirs.
»

Gontran parcourut les documents et se sentit soulagé. Il pouvait mettre le tampon « classé » sur son dossier. Le meurtrier était identifié et allait passer en cours martiales. Ce n’était plus de son ressort.

Puis il partir l’air joyeux jusqu’au commissariat afin de tenter de retrouver l’assassin de la Jeannette. Mais ça, c’est une autre histoire…
Écrivons un livre (Marie-Laure) – 14/12/2016

 

 

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